Dans un contexte économique encore fragile, les dernières prévisions du Fonds Monétaire International (FMI) étaient particulièrement attendues. L’institution vient de dévoiler ses projections de croissance mondiale pour 2024 et 2025, confirmant globalement ses estimations précédentes tout en soulignant des disparités régionales et des risques persistants.
Une croissance mondiale stable mais historiquement faible
Pour 2024, le FMI table toujours sur une croissance mondiale de 3,2%, comme annoncé en mars dernier. Une légère révision à la hausse est prévue pour 2025, avec désormais +3,3%. Des chiffres qui restent malgré tout bien en-deçà des niveaux d’avant la pandémie de Covid-19. Entre 2000 et 2019, la croissance mondiale s’établissait en moyenne à 3,8%.
Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, pointe deux principales sources d’inquiétudes :
La trajectoire budgétaire d’un certain nombre de pays où les finances publiques ont été très sollicitées et le risque de fragmentation géo-économique lié aux politiques industrielles et commerciales.
– Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI
Des perspectives contrastées selon les régions
Si les économies avancées devraient voir leurs perspectives converger à moyen terme, des écarts importants subsistent à court terme :
- États-Unis : croissance attendue à 2,6% en 2024 (-0,1 point par rapport aux prévisions de mars)
- Zone Euro : seulement 0,9% de croissance prévue en 2024 (+0,1 point)
- Allemagne : prévisions inchangées et faibles à 0,2%
- Espagne : nette révision à la hausse, croissance de 2,4% attendue après 2,5% en 2023
- France : légère amélioration des projections, à 0,9% (+0,2 point)
Du côté des pays émergents, le FMI se montre plus optimiste, notamment pour les deux géants asiatiques :
- Chine : croissance révisée à 5% pour 2024 (+0,4 point), mais des risques persistent
- Inde : croissance attendue à 7% (+0,2 point)
- Brésil et Mexique : révisions à la baisse
- Russie : prévision inchangée à 3,2%
La Chine, entre reprise et fragilités
Si les prévisions pour la Chine sont revues à la hausse, Pierre-Olivier Gourinchas souligne des zones de fragilité :
Nous pointons un risque, avec une confiance qui reste faible et les problèmes du secteur immobilier qui n’ont pas été résolus. Si la demande domestique faiblit, la Chine s’appuiera d’autant plus sur ses exportations. Dans l’environnement actuel, cela pourrait être un problème.
– Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI
L’Europe entre reprise progressive et disparités
En Europe, les signes d’une reprise se multiplient, en particulier dans le secteur des services. Mais cette dynamique reste inégale selon les pays. L’Allemagne, très dépendante de son industrie, est à la traîne avec seulement 0,2% de croissance prévue. A l’inverse, l’Espagne tire son épingle du jeu et affiche l’une des meilleures performances européennes.
On voit des signes de reprise, notamment grâce au rattrapage des salaires réels. L’activité reste plus forte dans les services que dans l’industrie, ce qui fait que les pays qui comptent sur cette dernière, comme l’Allemagne, sont un peu derrière.
– Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI
Au final, malgré quelques améliorations, les perspectives de croissance mondiale restent modérées et sujettes à des risques non négligeables. Le FMI appelle les États à la prudence budgétaire et à la coopération internationale face aux défis économiques et géopolitiques actuels. Une feuille de route qui s’annonce délicate dans un contexte de tensions accrues et de ralentissement généralisé.