Alors que le Liban peine encore à se relever après des années de crises successives, un nouveau coup dur pourrait ébranler son économie déjà chancelante. Selon une récente analyse de l’ONU, le conflit actuel entre Israël et le Hezbollah risque d’entraîner une chute vertigineuse du PIB libanais, qui pourrait plonger de 9,2% en 2024 si les hostilités venaient à se poursuivre jusqu’à la fin de l’année.
Une économie déjà à genoux
Le Liban traverse une crise économique sans précédent depuis plusieurs années. Entre 2018 et 2021, le PIB du pays s’est contracté de 28%, tandis que la livre libanaise a perdu 98% de sa valeur, provoquant une inflation galopante et une érosion massive du pouvoir d’achat de la population. Malgré une légère embellie en 2022 et 2023, l’économie libanaise reste extrêmement vulnérable aux chocs externes.
L’impact dévastateur du conflit
D’après les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’ampleur de l’engagement militaire actuel, combinée au contexte géopolitique tendu et aux retombées humanitaires, pourrait avoir des conséquences économiques bien plus lourdes que lors de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. Si le conflit venait à se prolonger jusqu’à la fin de l’année 2024, le PIB libanais pourrait ainsi chuter de 9,2%.
L’impact économique ne sera pas loin de celui de la guerre de 2006, estimé entre 2,5 et 3,6 milliards de dollars (8 à 10% du PIB de l’époque).
– Rapport du PNUD
Selon les économistes du PNUD, deux facteurs principaux expliquent cette sombre perspective : l’arrêt des activités économiques d’une part, et la destruction des infrastructures (usines, routes, réseaux d’irrigation agricole, réseaux électriques…) d’autre part, qui pèsera lourdement sur la capacité de rebond du pays.
Des perspectives incertaines à long terme
Même dans l’hypothèse où le conflit prendrait fin d’ici la fin de l’année 2024, les stigmates de la guerre risquent de perdurer pendant de longues années sur l’économie libanaise. En l’absence d’un soutien international massif, le PNUD table sur une contraction du PIB de 2,28% en 2025 et de 2,43% en 2026. Contrairement à 2006, la dynamique de reprise et de reconstruction s’annonce cette fois beaucoup plus incertaine, dans un contexte où les institutions libanaises sont elles-mêmes en crise.
Face à cette situation préoccupante, le PNUD appelle la communauté internationale à mobiliser rapidement une aide d’urgence en faveur des populations touchées, mais aussi à soutenir la stabilité économique, sociale et institutionnelle du Liban sur le long terme, en finançant des projets vitaux dans les domaines de l’eau, de l’alimentation, de la santé, de l’assainissement et des infrastructures.
Un appel à la solidarité internationale
Une conférence internationale sur le Liban doit justement se tenir ce jeudi à Paris. Selon la présidence française, la priorité sera donnée à la réponse à l’appel de fonds de l’ONU, qui estime à 400 millions de dollars l’aide nécessaire pour venir en aide aux personnes déplacées par le conflit. Mais au-delà de l’urgence humanitaire, c’est tout le modèle de développement du Liban qui est à repenser pour sortir durablement le pays de l’ornière.
Fragilisé par des décennies de tensions politiques, confessionnelles et sociales, miné par la corruption et les inégalités, le « pays du Cèdre » a plus que jamais besoin de la solidarité de ses partenaires pour se reconstruire et offrir un avenir à sa jeunesse. Le défi est immense, mais l’alternative serait catastrophique, non seulement pour le Liban mais pour toute la région du Moyen-Orient. Espérons que la communauté internationale saura être à la hauteur de ses responsabilités.