L’affaire Paul Watson connaît un nouveau rebondissement. La détention du célèbre défenseur des baleines, arrêté fin juillet au Groenland, vient d’être prolongée jusqu’au 13 novembre par la justice locale. Une décision motivée par la volonté d’assurer sa présence dans le cadre de la procédure d’extradition initiée par le Japon, qui le poursuit pour ses actions contre la chasse baleinière nippone.
Un combat de longue date qui se heurte à la raison d’État
Fondateur de l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson mène depuis des décennies une lutte sans merci contre la chasse à la baleine, pratique qu’il juge cruelle et inutile. Ses méthodes coup de poing, allant jusqu’à l’éperonnage de navires baleiniers, lui valent l’inimitié tenace du Japon. Tokyo le traque depuis 2012, l’accusant d’obstruction à une activité commerciale et de violences lors d’affrontements en mer en 2010.
Cette saga judiciaire prend aujourd’hui une tournure géopolitique. Outre les intérêts économiques, c’est la souveraineté du Japon sur ses eaux territoriales et ses pratiques ancestrales qui est en jeu. Un bras de fer dans lequel le Groenland, territoire autonome danois, se retrouve malgré lui impliqué. Les autorités locales sont sommées d’arbitrer entre la pression diplomatique nippone et le soutien international dont bénéficie Watson.
Une mobilisation croissante en faveur du « capitaine »
Face à cette situation, les sympathisants de Paul Watson se mobilisent. Pétitions, rassemblements, prises de position de personnalités : les initiatives se multiplient pour réclamer sa libération. Un clip rassemblant une trentaine d’artistes vient d’être dévoilé, avec un titre sans équivoque : « Le Dernier Mot ». Un message fort pour rappeler que malgré son incarcération, l’écologiste compte bien poursuivre son combat.
Nous ne lâcherons rien. Paul est un homme intègre qui a dédié sa vie à la cause animale. Son seul crime est d’avoir voulu protéger des espèces en danger. Nous nous battrons jusqu’au bout pour qu’il soit libéré.
Un proche de Paul Watson
Un avenir incertain entre tensions diplomatiques et urgence écologique
Les prochaines semaines s’annoncent décisives. D’ici au 13 novembre, date de la prochaine audience, la pression diplomatique risque de s’accentuer sur le Groenland. Le Japon compte bien obtenir gain de cause, alors que le gouvernement danois semble peu enclin à s’opposer frontalement à cet allié stratégique. Face à ce bras de fer politique, l’urgence écologique peine à se faire entendre.
Car pendant que Paul Watson croupit en prison, la chasse à la baleine se poursuit en toute impunité. Selon Sea Shepherd, les baleiniers japonais auraient tué plus de 300 cétacés depuis le début de l’année, dont de nombreux spécimens de baleines à bosse, une espèce pourtant protégée. Un triste record qui souligne l’impérieuse nécessité de poursuivre le combat initié par le « capitaine ».
Mais au-delà du sort d’un homme, c’est notre rapport à la nature et au vivant qui est questionné. Dans un monde sous pression où la sixième extinction de masse est déjà enclenchée, le combat des défenseurs de l’environnement apparaît plus que jamais vital et légitime. Reste à savoir si les États seront à la hauteur de l’enjeu. L’affaire Paul Watson en sera un révélateur.