En perte de vitesse dans les sondages, l’écologiste Marie Toussaint tente un coup d’éclat. La tête de liste EELV aux élections européennes vient de défendre sur France Inter l’abaissement du droit de vote à 16 ans. Une proposition choc destinée à remobiliser un électorat jeune qui avait massivement plébiscité les Verts en 2019, mais qui semble cette fois-ci leur tourner le dos. Décryptage d’une stratégie de la dernière chance pour sauver une campagne mal engagée.
Toussaint joue son va-tout électoral
À moins de deux semaines du scrutin, Marie Toussaint sort l’artillerie lourde. Créditée d’à peine 6% d’intentions de vote dans le dernier sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro, la candidate écologiste cherche désespérément à inverser la tendance. Et pour cela, elle n’hésite pas à dégainer une proposition fracassante : instaurer le droit de vote dès 16 ans. Une mesure censée “faire reculer l’extrême droite” et “démontrer la maturité de la jeunesse”, selon ses propos tenus ce mercredi matin au micro de France Inter.
En réalité, il s’agit surtout pour EELV de remobiliser un électorat jeune qui lui est traditionnellement acquis, mais qui semble cette année lui préférer d’autres formations. Alors qu’ils avaient voté à 25% pour la liste menée par Yannick Jadot en 2019, faisant des Verts le premier parti chez les 18-24 ans, les jeunes ne seraient plus que 11% à avoir l’intention de glisser un bulletin écologiste dans l’urne le 9 juin prochain. Un effondrement catastrophique pour Marie Toussaint.
Le spectre du score de 2014
En proposant d’étendre le droit de vote aux 16-17 ans, la candidate EELV espère donc enrayer l’hémorragie qui menace son parti. Car les souvenirs de la déroute de 2014, où Europe Écologie-Les Verts n’avait récolté que 8,9% des suffrages, sont encore dans toutes les mémoires. Un score qui avait précipité le départ de l’emblématique Daniel Cohn-Bendit. Cette fois-ci, Marie Toussaint joue carrément sa tête, elle qui n’a jamais vraiment réussi à s’imposer médiatiquement depuis sa prise de fonction en décembre dernier.
Une proposition déjà formulée par Macron
L’idée d’abaisser la majorité électorale n’est toutefois pas nouvelle. En 2019, c’est Emmanuel Macron lui-même qui l’avait agitée à deux jours du scrutin, histoire de mobiliser davantage les jeunes. Le chef de l’État avait alors posé comme condition une forte participation des 18-25 ans, pari qui n’avait finalement pas été tenu puisque seuls 39% d’entre eux s’étaient rendus aux urnes.
«Si vraiment j’ai une démonstration de force de la jeunesse française qu’elle exerce le droit de vote à plein, je suis prêt à avancer sur le 16-18 ans.»
Emmanuel Macron, mai 2019
Depuis, le débat revient régulièrement sur la table, sans jamais aboutir. Les partisans du vote dès 16 ans mettent en avant la maturité politique des adolescents, là où les opposants pointent le risque d’un scrutin déconnecté des réalités. Une chose est sûre : à ce stade, le coup de poker de Marie Toussaint ressemble davantage à un baroud d’honneur qu’à une véritable relance. Verdict dans les urnes le 9 juin.