Alors que les marchés financiers asiatiques naviguent en eaux troubles ces derniers jours, une devise tire son épingle du jeu et crée la surprise : le yen japonais. En effet, la monnaie nippone a entamé un rebond significatif face au dollar américain vendredi matin, après plusieurs séances consécutives de déclin.
Un répit bienvenu pour le yen
Vendredi vers 06H30 GMT, le yen remontait de 0,19% à 157,69 yens pour un dollar. Un répit bienvenu après avoir touché un plus bas depuis mi-juillet la veille à environ 158 yens. Cette glissade de quatre jours consécutifs s’explique par plusieurs facteurs :
- Des volumes d’échanges réduits en cette période de fêtes de fin d’année
- Une politique monétaire japonaise qui sème le doute chez les investisseurs
En effet, les récentes déclarations du gouverneur de la Banque du Japon, évoquant un statu quo monétaire prolongé face aux incertitudes, avaient initialement fait chuter le yen. Mais d’autres interventions mentionnant de possibles ajustements des taux directeurs si la situation économique s’améliorait, ont semé la confusion sur les marchés.
Des signes encourageants pour l’économie nippone
Malgré ces atermoiements, certains indicateurs publiés vendredi laissent entrevoir des perspectives plus favorables pour l’économie japonaise :
- Une accélération de l’inflation dans la région de Tokyo
- Un repli moins marqué qu’anticipé de la production industrielle en novembre
- De meilleures ventes de détail que prévu
De quoi potentiellement inciter la BoJ à reprendre le chemin de la normalisation monétaire. D’autant que des minutes d’une réunion de l’institution révèlent des dissensions internes sur le sujet. Autant d’éléments qui ont permis au yen d’enrayer sa chute du jour.
Tokyo porté par un yen affaibli
Cette faiblesse du yen a par ailleurs profité à la Bourse de Tokyo cette semaine. L’indice Nikkei a ainsi bondi de 1,80% vendredi à 40 281,16 points, dans le sillage de valeurs exportatrices comme Fast Retailing ou Toyota. Un yen déprécié dope en effet mécaniquement leurs ventes à l’international.
« Avec seulement deux autres séances d’ici la fin de l’année, les échanges restent ténus aujourd’hui », tempèrent néanmoins les experts de Tokai Tokyo Intelligence.
Des places asiatiques sur leurs gardes
Plus globalement, c’est la prudence qui dominait sur les autres grandes places boursières asiatiques vendredi :
- Séoul reculait de 1,02%, pénalisée par des incertitudes politiques
- Hong Kong faisait du surplace, tiraillé entre résultats d’entreprises et prises de bénéfices
- Shanghai et Shenzhen se stabilisaient dans des échanges volatiles
Il faut dire que l’absence de signaux clairs en provenance de Wall Street n’aide pas. « Les marchés d’actions américains sont paralysés dans une phase d’attente, les volumes d’échanges s’étant taris avec les congés de fin d’année », relève Stephen Innes de SPI Asset Management. Les opérateurs attendent désormais de voir si l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier sera de nature à modifier la donne.
En attendant, les marchés asiatiques restent suspendus aux développements macroéconomiques, les décisions de politique monétaire et l’évolution de la situation sanitaire. Avec en toile de fond ce yen japonais, véritable baromètre de la psychologie des investisseurs dans la région, qui tentera de confirmer son rebond dans les prochains jours.