L’amour peut être fugace, surtout lorsqu’il est conditionné aux résultats. C’est ce que semble démontrer la récente défaite d’un petit point (26-25) du XV de France face à l’Angleterre lors du « Crunch », ce match phare du Tournoi des Six Nations. Cette contre-performance a en effet entamé la belle dynamique sur laquelle surfait l’équipe nationale depuis l’arrivée de Fabien Galthié au poste de sélectionneur.
Selon un sondage Odoxa réalisé les 12 et 13 février auprès d’un échantillon représentatif de 1005 personnes, dont 421 amateurs de rugby, la cote de popularité de l’ancien demi de mêlée international a chuté de manière significative. Alors qu’ils étaient 91% à le juger « bon sélectionneur » en septembre 2023, au moment où les Bleus faisaient figure de grands favoris pour leur Mondial à domicile, ils ne sont plus que 72% à partager cet avis.
19 points de popularité en moins pour Galthié
Certes, le Gersois conserve un capital sympathie élevé, mais cette chute de 19 points illustre une confiance qui s’effrite doucement, probablement en raison de l’accumulation des rendez-vous majeurs manqués, comme l’élimination en quart de finale du Mondial 2023 face à l’Afrique du Sud. Pour autant, 68% des Français et 83% des amateurs de rugby lui font encore confiance pour permettre aux Bleus de décrocher des titres dans un avenir proche.
Malgré la déconvenue anglaise, ils sont d’ailleurs 62% à penser que les hommes d’Antoine Dupont repartiront avec le trophée à l’issue de cette édition du Tournoi des Six Nations. Un chiffre en baisse par rapport à l’avant-compétition où ils étaient 73% à miser sur une victoire française.
Des critiques sur le jeu développé
Au-delà des simples résultats, certaines voix s’élèvent pour pointer du doigt le jeu proposé par les Tricolores, jugé trop restrictif et minimaliste au regard du potentiel et du réservoir de talents dont dispose le sélectionneur. D’après une source proche de la fédération, des cadres de l’équipe appelleraient de leurs vœux un plan de jeu plus ambitieux, afin « d’envoyer un message » et d’imposer leur domination sur leurs adversaires.
« Le problème, c’est qu’on semble trop souvent jouer petit bras. On a les meilleurs joueurs du monde à chaque poste ou presque, il faut les laisser s’exprimer ! »
– Un proche de l’équipe de France
Un premier mandat convaincant
Reste que le bilan global de Fabien Galthié, nommé fin 2019, demeure largement positif. Sur ses 38 matches dirigés, il affiche 28 victoires pour seulement 10 défaites, soit un taux de succès de près de 74%. Son premier mandat a été marqué par de belles victoires référence, que ce soit en tournée en Australie (2021), face aux All Blacks (2021) ou à l’occasion du Grand Chelem dans le Tournoi 2022.
Ce retour au premier plan du XV de France, après une décennie globalement décevante, a été porté par un souffle nouveau, tant en termes d’état d’esprit, de professionnalisme que d’engagement. Des vertus martelées dès son intronisation par l’ancien capitaine des Bleus, désireux de s’appuyer sur un groupe rajeuni et décomplexé.
Un nécessaire ajustement ?
Toutefois, près de 4 ans après son arrivée, le constat dressé par certains observateurs est celui d’un réel manque de titles au regard de la qualité de l’effectif. En cause notamment, une gestion humaine parfois critiquée en interne et une communication pas toujours fluide autour de la sélection et de la préparation des échéances majeures.
Dans ce contexte, et alors que le Mondial 2027 approche à grands pas, la question d’un ajustement voire d’un changement de capitaine pourrait rapidement se poser en cas de nouveau revers dans le Tournoi. Car si sa popularité reste forte auprès du grand public, Fabien Galthié sait que dans le sport de haut niveau, seuls les résultats comptent. Et sur ce plan, son bilan est pour l’instant en demi-teinte.
La pression sera donc maximale sur les épaules du technicien et de son groupe pour la réception de l’Écosse au Stade de France lors de la 3ème journée. Un match capital pour recoller au classement et reprendre une dynamique positive. En cas de contre-performance, nul doute que le spectre d’un limogeage commencerait à planer sérieusement au-dessus du sélectionneur. À lui de trouver les clés pour remobiliser ses troupes et franchir un cap.