La monnaie sud-coréenne, le won, a montré des signes de reprise après avoir atteint son plus bas niveau depuis 13 ans face au dollar américain ce vendredi. Cette chute brutale est survenue dans un contexte de crise politique sans précédent en Corée du Sud, marquée par la destitution coup sur coup du président et de son Premier ministre par intérim.
Une situation politique inédite qui pèse sur le won
Vendredi, le won est tombé à 1487,03 wons pour un dollar, son cours le plus faible depuis mars 2009. Cependant, en fin de journée, il a réussi à regagner un peu de terrain, s’échangeant à 1470,89 wons pour un dollar, soit une hausse de 0,14%.
Cette volatilité survient alors que la Corée du Sud traverse une crise politique majeure. Les députés ont en effet voté la destitution du Premier ministre Han Duck-soo, qui assurait l’intérim à la tête de l’État. Il lui est reproché d’avoir « activement participé » à la tentative avortée de son prédécesseur d’instaurer la loi martiale début décembre.
C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un président par intérim est destitué, après celle du président en titre quelques semaines plus tôt. Le ministre des Finances Choi Sang-mok a dû endosser en urgence le rôle de chef de l’État par intérim, le temps que de nouvelles élections soient organisées.
Instabilité politique, facteur de volatilité pour le won
Selon les analystes, cette instabilité politique sans précédent est le principal facteur expliquant les soubresauts du won. Les incertitudes quant à la gouvernance du pays et la tenue prochaine d’élections anticipées rendent les investisseurs nerveux, entraînant des mouvements de capitaux.
« L’incertitude politique pèse lourdement sur le won actuellement. Les investisseurs étrangers sont en mode attentiste, dans l’expectative de l’issue de la crise. »
– Un cambiste d’une grande banque à Séoul
Toutefois, la réaction du marché est restée relativement contenue jusqu’à présent. La banque centrale sud-coréenne est intervenue pour limiter la chute du won et rassurer les marchés. Des analystes estiment que le pire pourrait être passé, à condition que la transition politique se déroule sans accroc majeur.
Un impact limité sur les autres devises pour le moment
Pour l’heure, les turbulences autour du won ne semblent pas se propager aux autres grandes devises. L’euro et le dollar sont restés stables cette semaine, la plupart des cambistes des principales économies étant en congés pour les fêtes de fin d’année.
Même l’annonce de la dissolution du Parlement allemand par le président Frank-Walter Steinmeier n’a pas ébranlé l’euro. Des élections législatives anticipées auront lieu le 23 février, après l’éclatement de la coalition gouvernementale du Chancelier Olaf Scholz.
Quelles perspectives pour le won et l’économie sud-coréenne ?
Si le won semble avoir évité le pire à court terme, les spécialistes restent préoccupés pour l’économie sud-coréenne dans son ensemble. Le pays fait face à de multiples défis :
- Un ralentissement de la croissance, sur fond de dégradation de la conjoncture mondiale
- La flambée de l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages
- Des tensions géopolitiques accrues dans la péninsule coréenne
- Une instabilité politique qui pourrait perdurer au-delà des élections
Les prochains mois seront donc cruciaux pour la Corée du Sud. Le pays devra naviguer prudemment pour rétablir la confiance, relancer son économie et apaiser les tensions politiques et sociales. La tenue d’élections transparentes et apaisées sera une première étape clé dans ce processus.
