Dans un rebondissement des tensions diplomatiques entre Caracas et Washington, le gouvernement vénézuélien a vivement réagi à la récente décision américaine de reconnaître l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia comme “président élu” du pays. Cette annonce intervient quatre mois après l’élection présidentielle vénézuélienne dont les résultats, donnant Nicolas Maduro vainqueur, sont fortement contestés par l’opposition.
Le Venezuela dénonce une ingérence “ridicule”
Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères n’a pas mâché ses mots pour fustiger la position américaine, la qualifiant de “ridicule”. Dans un communiqué au vitriol, le ministre Yvan Gil s’en est pris directement au secrétaire d’État américain Antony Blinken, le traitant d'”ennemi avoué du Venezuela”.
Selon Caracas, les États-Unis s’entêtent à vouloir renverser le gouvernement de Nicolas Maduro en soutenant l’opposition, comme ils l’avaient fait précédemment avec Juan Guaido. Ce dernier s’était auto-proclamé président par intérim en 2019 avec l’appui de Washington, sans jamais réussir à s’imposer face au pouvoir en place.
Blinken, un ennemi avoué du Venezuela, insiste pour recommencer (avec Gonzalez Urrutia) cette fois avec un +Guaido 2.0+ soutenu par des fascistes et des terroristes subordonnés à la politique américaine.
Yvan Gil, ministre vénézuélien des Affaires étrangères
L’élection de Maduro toujours contestée
La reconnaissance de Gonzalez Urrutia comme président légitime par les États-Unis ravive les tensions autour de l’élection présidentielle du 28 juillet dernier. Selon les résultats officiels proclamés par le Conseil national électoral, considéré proche du pouvoir, Nicolas Maduro l’aurait emporté. Cependant, aucun détail du vote n’a été publié, le gouvernement invoquant un piratage informatique.
De son côté, l’opposition affirme que c’est son candidat, Gonzalez Urrutia, qui est le véritable vainqueur avec plus de 67% des voix. Elle s’appuie pour cela sur des procès-verbaux de bureaux de vote qu’elle a rendus publics, mais que le pouvoir qualifie de “faux”.
Un pays plongé dans la crise post-électorale
Dans la foulée de l’annonce des résultats donnant Maduro réélu, le Venezuela a été secoué par des manifestations et des violences post-électorales. Selon les autorités, le bilan est lourd : 28 morts, près de 200 blessés et quelque 2 400 personnes arrêtées.
Face à cette crise, une grande partie de la communauté internationale, dont les États-Unis et l’Union européenne, a refusé de reconnaître la réélection de Nicolas Maduro. Ce scénario rappelle celui de 2018, où sa victoire lors d’un scrutin boycotté par l’opposition avait déjà été largement rejetée, sur fond d’accusations de fraude.
Washington maintient la pression sur Caracas
Avec ce soutien affiché à Gonzalez Urrutia, les États-Unis poursuivent leur bras de fer avec le gouvernement de Nicolas Maduro. En 2019 déjà, ils avaient reconnu Juan Guaido comme président par intérim, allant jusqu’à lui confier le contrôle des avoirs vénézuéliens sur le sol américain.
Si Guaido n’avait finalement jamais pu exercer un réel pouvoir, l’opposition vénézuélienne espère désormais que la communauté internationale fera bloc derrière Gonzalez Urrutia pour faire pression sur le régime chaviste. Une perspective balayée par Caracas, qui accuse Washington de vouloir renverser sa “révolution bolivarienne”.
Dans les derniers jours de son gouvernement, il (Blinken) devrait se consacrer à la réflexion sur ses échecs (…) et écrire les mémoires sur la façon dont la révolution bolivarienne lui a fait mordre la poussière de la défaite, tout comme ses prédécesseurs.
Yvan Gil, ministre vénézuélien des Affaires étrangères
Pour le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, le secrétaire d’État américain “a sombré, avec ses marionnettes, en essayant de renverser la démocratie vénézuélienne”. Des propos virulents qui illustrent la profondeur du fossé séparant Caracas et Washington et laissent présager de nouveaux épisodes de tensions dans ce bras de fer diplomatique.