Au cœur d’une nouvelle crise diplomatique, le Venezuela a fermement démenti lundi les accusations de l’Argentine selon lesquelles les forces de l’ordre vénézuéliennes harcèleraient l’ambassade argentine à Caracas. Cette dernière abrite actuellement six opposants au régime de Nicolas Maduro, dont Magalli Meda, directrice de campagne de la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado.
Diosdado Cabello, ministre vénézuélien de l’Intérieur, a vivement réagi lors d’une conférence de presse du parti au pouvoir, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV). Il a qualifié le président argentin Javier Milei de « fasciste », s’interrogeant avec ironie sur la nature des accusations portées contre son gouvernement :
Je ne sais pas ce qu’il appelle +harceler+ quelqu’un dans son ambassade, je ne sais pas, je ne sais vraiment pas de quoi il nous accuse maintenant.
Diosdado Cabello, ministre vénézuélien de l’Intérieur
Des « actes de harcèlement et d’intimidation » dénoncés par l’Argentine
Samedi dernier, le ministère argentin des Affaires étrangères avait dénoncé des « actes de harcèlement et d’intimidation » à l’encontre de son ambassade. Il exigeait alors que le Venezuela délivre les sauf-conduits nécessaires pour permettre aux opposants réfugiés de quitter le pays en toute sécurité.
Dans un communiqué, la diplomatie argentine pointait du doigt plusieurs éléments troublants :
- Le déploiement de troupes armées autour de l’ambassade
- La fermeture des rues aux alentours
- Des coupures d’électricité ciblant la résidence diplomatique
Autant de « manœuvres » qui, selon Buenos Aires, constituent « une perturbation de la sécurité » de sa représentation diplomatique. Face à ces accusations, le ministre Diosdado Cabello a ironisé, rétorquant : « Qu’ils paient l’électricité, qu’ils paient les services, nous n’allons rien leur donner gratuitement ».
Une crise diplomatique sur fond de contentieux électoral
Cette nouvelle escalade survient dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre les deux pays, consécutives à la réélection contestée de Nicolas Maduro lors du scrutin présidentiel de juillet dernier. L’Argentine, comme cinq autres nations, avait alors mis en doute les résultats annoncés par le Conseil national électoral vénézuélien, considéré comme inféodé au pouvoir en place.
En réaction, Caracas avait rompu ses relations diplomatiques avec ces États, tandis que l’opposition vénézuélienne, criant à la fraude, revendiquait la victoire. Un mois plus tard, en août, le Brésil avait annoncé prendre en charge, avec l’accord du Venezuela, la délégation diplomatique argentine.
Mais cette solution de court terme n’a pas résisté aux tensions persistantes. Caracas a depuis annulé l’autorisation accordée à Brasilia. Aujourd’hui, le sort des six opposants réfugiés à l’ambassade d’Argentine reste en suspens, cristallisant les crispations entre deux gouvernements que tout oppose.
Cette crise diplomatique illustre une fois de plus la complexité du paysage politique vénézuélien et son impact sur les relations internationales du pays. Alors que l’opposition continue de contester la légitimité du président Maduro, la communauté internationale reste divisée sur l’attitude à adopter face à ce régime de plus en plus isolé.