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Le Tunnel de Tende à Nouveau Retardé Malgré 10 Ans de Travaux

Malgré 10 ans de travaux, le tunnel de Tende qui relie la France et l'Italie ne peut toujours pas rouvrir. Découvrez pourquoi ce projet emblématique accumule les retards, au grand dam des voyageurs frontaliers. La dernière déconvenue en date...

C’est un nouveau coup dur pour les frontaliers qui attendaient avec impatience de pouvoir à nouveau emprunter le tunnel ferroviaire de Tende, entre la France et l’Italie. Alors que le chantier de rénovation et de doublement des voies a débuté il y a maintenant plus de 10 ans, l’infrastructure n’est toujours pas prête à rouvrir, même partiellement. Et ce nouveau report n’est pas dû à des raisons techniques ou à un énième retard sur le planning des travaux. Non, cette fois, c’est la sécurité qui est en cause.

La préfecture des Alpes-Maritimes a en effet annoncé que les conditions minimales en termes de sécurité n’étaient pas réunies pour permettre une circulation, même limitée et à vitesse réduite, dans le tunnel rénové. Plusieurs manquements rédhibitoires ont été constatés lors d’une inspection : absence de système de détection d’incendie et de désenfumage, issues de secours non conformes, pression d’eau insuffisante pour les interventions des pompiers, éclairage défaillant…

Toutes ces exigences avaient par ailleurs déjà été formulées lors des précédentes réunions et restent d’actualité

Communiqué de la préfecture des Alpes-Maritimes

Un chantier maudit et des conséquences économiques

Déjà qualifié de « chantier de la honte », le doublement du tunnel de Tende qui doit faciliter la vie des travailleurs transfrontaliers entre la Roya et le Piémont italien n’en finit pas d’accumuler les déboires. Lancé en 2013, ce projet vital a connu de multiples interruptions :

  • Arrêts pour des raisons techniques
  • Blocages administratifs
  • Contentieux judiciaires
  • Dégâts causés par la tempête Alex en octobre 2020

À chaque fois, les habitants et entreprises des deux côtés de la frontière ont dû prendre leur mal en patience. Mais cette situation a fini par avoir raison de l’activité économique de certains, très dépendants des échanges permis par cet axe. La vallée de la Roya, déjà durement touchée par les intempéries, espérait beaucoup de cette réouverture, même partielle, pour relancer son attractivité.

Le casse-tête du financement et des responsabilités

250 millions d’euros, c’est le montant estimé nécessaire au doublement du tunnel et à la rénovation du tube existant. Un investissement conséquent, porté à parts égales par la France et l’Italie. Mais le partage des responsabilités pose question, le pilotage opérationnel du chantier ayant été confié à la partie italienne. Côté français, on commence à s’interroger sur l’efficacité de ce montage.

Les Maralpins se sont montrés particulièrement patients

Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes

En attendant de trouver une solution pour une réouverture sécurisée du tunnel routier, la SNCF et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur ont renforcé la desserte ferroviaire entre Tende et Limone, avec six allers-retours quotidiens. Un service gratuit pour les scolaires, mais qui ne peut remplacer la souplesse offerte par une liaison routière pour les actifs frontaliers.

Quel avenir pour la coopération transfrontalière ?

Au delà de ce projet précis, c’est toute la question des infrastructures transfrontalières qui est posée. Axes routiers, tunnels, lignes ferroviaires… La facilitation des flux entre pays voisins est un enjeu crucial pour le développement économique et humain des territoires. Mais ces chantiers complexes se heurtent souvent à des difficultés liées aux différences de normes, de cultures administratives et de priorités politiques de part et d’autre des frontières.

Le cas du tunnel de Tende est emblématique de ces écueils. Malgré une volonté commune initiale, française et italienne, de mener à bien ce projet, les obstacles se sont accumulés au fil des années. Retards, surcoûts, défauts de coordination… De quoi décourager plus d’un élu local et usager frontalier. Il est urgent de tirer les leçons de cet exemple pour repenser les mécanismes de coopération et de gouvernance des projets transfrontaliers d’envergure.

Car au-delà des aspects techniques, c’est bien le lien de confiance entre les territoires et les citoyens frontaliers qui est mis à mal par ces échecs à répétition. Désenclavement, mobilité, emploi, tourisme… Les enjeux sont pourtant cruciaux pour ces zones souvent périphériques et montagneuses. Il est temps de se donner les moyens de réussir ces interconnexions, pour le bien de tous.

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