Jacques Audiard, le réalisateur français de renom, vient de frapper un grand coup avec son dernier film « Emilia Perez ». Cette comédie musicale audacieuse, qui plonge dans l’univers des cartels mexicains à travers le prisme d’un personnage transgenre, a fait sensation lors de sa présentation au Festival de Cannes. Retour sur la genèse de ce projet hors norme et sur la vision singulière de son créateur.
Un sujet risqué, une approche novatrice
Avec « Emilia Perez », Jacques Audiard s’attaque à un sujet périlleux : la représentation de la transidentité dans le contexte ultra-violent des cartels de la drogue. Loin des clichés et du politiquement correct, le cinéaste assume une approche crue et sans concession. Il explique :
Je savais que le film aurait sa part d’impureté. Il serait impur et parfois ridicule. Dans un opéra, il n’existe pas de psychologie. J’ai pensé d’emblée que le film devait porter ça en lui.
Jacques Audiard
Cette « impureté » revendiquée se traduit par des dialogues à l’os, des scènes d’une grande brutalité mais aussi des moments d’une poésie inattendue, portés par des chansons originales envoûtantes. Un cocktail détonnant qui n’a pas manqué de diviser la critique mais qui, à l’arrivée, impose le film comme une expérience cinématographique à part.
Repousser les limites du 7ème art
Pour Jacques Audiard, « Emilia Perez » s’inscrit dans une démarche artistique globale visant à bousculer les codes et les attentes du spectateur. Le réalisateur estime que le cinéma doit aujourd’hui prendre des risques pour continuer à surprendre et à émouvoir :
Les films sont devenus des œuvres dignes de textes littéraires. Jamais je ne me suis dit en me levant le matin qu’il faudrait que j’évite le ridicule ! Lorsque je me lance dans Emilia Perez, je sais que le film aura sa part d’impureté.
Jacques Audiard
Cette prise de risque assumée a payé. Avec 10 nominations aux Golden Globes et 13 aux Oscars, « Emilia Perez » s’impose comme l’un des grands favoris de la saison des prix. De quoi conforter Jacques Audiard dans ses choix audacieux et lui donner des ailes pour la suite de sa carrière.
Un casting éblouissant pour un film choc
Pour donner vie à son projet, Jacques Audiard s’est entouré d’un casting cinq étoiles. Dans la peau d’Emilia Perez, l’actrice américaine Zoe Saldana livre une performance époustouflante, récompensée par le Prix d’interprétation féminine à Cannes. À ses côtés, Selena Gomez et Oscar Isaac complètent un trio d’acteurs habités par leurs personnages.
La bande originale, composée par le prodige franco-cubain Yoann Lemoine alias Woodkid, apporte au film une dimension supplémentaire. Mêlant sonorités latines et orchestrations lyriques, elle accompagne avec virtuosité le destin tragique des protagonistes.
Une consécration critique et publique
Depuis sa Palme d’Or cannoise, « Emilia Perez » enchaîne les succès. Le film a déjà attiré plus d’un million de spectateurs dans les salles françaises et s’apprête à sortir dans plus de 40 pays. Les retours élogieux de la presse internationale et le buzz généré sur les réseaux sociaux en font l’un des phénomènes cinématographiques de l’année.
Pour la ministre française de la Culture, ce triomphe est une fierté nationale. Dans un message adressé à l’équipe du film, elle a tenu à souligner « l’audace et le génie d’un cinéaste qui porte haut les couleurs du cinéma français à travers le monde. »
Avec « Emilia Perez », Jacques Audiard prouve qu’il est plus que jamais un réalisateur incontournable, capable de repousser les frontières de son art sans jamais transiger sur son exigence et sa singularité. Un nouvel exploit qui ouvre un nouveau chapitre passionnant dans la carrière de cet éternel explorateur des possibles du 7ème art.