Dans le monde de la voile, certains records semblent destinés à repousser sans cesse les limites du possible. C’est le cas du mythique Trophée Jules Verne, qui récompense l’équipage capable de boucler le tour du monde à la voile le plus rapidement possible. Un défi que s’est lancé François Gabart et son équipe à bord du majestueux trimaran SVR-Lazartigue. Mais parfois, même pour les plus grands marins, la mer se montre intraitable.
Gabart contraint de faire demi-tour
Parti dans la nuit de mercredi à jeudi pour sa seconde tentative en un mois, le trimaran SVR-Lazartigue filait à vive allure vers le sud, avalant les milles à un rythme effréné. Mais alors qu’il se trouvait à seulement 600 milles de l’équateur, François Gabart et son équipage ont dû prendre une décision difficile : faire demi-tour et mettre le cap sur leur port d’attache de Concarneau.
D’après des sources proches de l’équipe, c’est un problème technique sur le gennaker, cette grande voile d’avant qui permet au bateau d’atteindre des vitesses vertigineuses, qui serait à l’origine de ce revirement. Malgré des conditions de navigation plutôt favorables dans l’Atlantique Sud, Gabart a préféré jouer la carte de la prudence.
Un nouveau coup dur
Ce n’est malheureusement pas la première fois que le skipper charentais doit renoncer en cours de route. Mi-novembre déjà, lors d’une première tentative, le maxi-trimaran bleu avait subi une avarie sur son foil tribord suite à une collision avec un OFNI (objet flottant non identifié), contraignant l’équipage à rentrer au port.
Mais si la déception est palpable, pas question pour autant de baisser les bras. Car contrairement à une course comme le Vendée Globe où les abandons sonnent le glas des espoirs de victoire, le Trophée Jules Verne offre davantage de flexibilité. En effet, les équipages ont la possibilité de tenter leur chance à plusieurs reprises, en attendant la fenêtre météo idéale.
La campagne de record du Trophée Jules Verne offre ces opportunités de partir, de revenir et de choisir la meilleure fenêtre possible dans des conditions optimales.
Communiqué de l’équipe SVR-Lazartigue
Prochain départ début janvier
Loin de se décourager, François Gabart et ses hommes comptent donc bien repartir à l’assaut du record début janvier, dès que les conditions le permettront. L’objectif reste inchangé : faire tomber la marque de référence établie par Francis Joyon et l’équipage d’IDEC Sport en 2017, à savoir 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes.
D’ici là, le trimaran SVR-Lazartigue devrait regagner Concarneau d’ici au 28 décembre, le temps pour les équipes techniques de réparer les dégâts et de remettre le bateau et son gréement en parfait état. Tout sera fait pour offrir à Gabart et ses coéquipiers les meilleures chances de succès dans cette quête du record absolu.
Un record mythique
Rappelons que le Trophée Jules Verne, créé en 1993, récompense le bateau le plus rapide à boucler un tour du monde en équipage, sans escale et sans assistance. Un défi extrême qui repousse sans cesse les limites de la technologie et des navigateurs.
Depuis sa création, seuls 8 équipages sont parvenus à décrocher ce Graal de la voile. Les bateaux sont de plus en plus rapides, et les marins toujours plus déterminés à repousser les frontières du possible. Mais la mer reste un adversaire impitoyable qui ne laisse rien au hasard.
François Gabart, détenteur de nombreux records en solitaire, rêve de rajouter le Trophée Jules Verne à son prestigieux palmarès. Avec son fidèle trimaran SVR-Lazartigue, spécialement conçu pour ce genre de défis extrêmes, il dispose assurément d’une monture capable de faire vaciller le record. Reste à dompter les éléments et à provoquer la chance.
Une chose est sûre : malgré ce nouveau contretemps, Gabart et son équipe ne renonceront pas. Leur détermination à repousser les limites et à entrer dans la légende n’en sera que renforcée. Rendez-vous donc début janvier pour un nouveau départ. Parce qu’en mer plus qu’ailleurs, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.