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Le Trésor américain durcit le contrôle des cryptos près des bases militaires

Les mineurs de cryptomonnaies proches des sites militaires US dans le viseur du Trésor. Après l'arrêt forcé d'une mine de bitcoins chinoise au Wyoming, les autorités renforcent le contrôle des investissements étrangers sensibles. De nouvelles mesures qui risquent de faire des vagues dans le milieu...

Le Département du Trésor américain vient de publier une nouvelle réglementation visant à renforcer le contrôle des acquisitions immobilières étrangères à proximité des installations militaires sensibles. Cette mesure intervient quelques mois après que le président Joe Biden ait ordonné la fermeture d’une mine de bitcoins détenue par des intérêts chinois, située à moins de 2 km d’une base de missiles nucléaires dans le Wyoming. Un dossier épineux qui soulève de sérieuses questions sur les enjeux de sécurité nationale liés au développement des cryptomonnaies.

Quand les mines de cryptos flirtent avec les secrets militaires

L’affaire avait fait grand bruit en début d’année. Sur ordre direct de la Maison Blanche, le Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS) avait bloqué l’acquisition par la société CleanSpark de l’exploitation de minage de bitcoins MineOne, installée à un jet de pierre de la base aérienne de Warren, dans le Wyoming. Cette base abrite des missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III, un site on ne peut plus stratégique.

Le motif invoqué par le gouvernement américain : MineOne, détenue majoritairement par des ressortissants chinois, représentait une menace potentielle pour la sécurité nationale du fait de sa proximité géographique avec un tel site militaire sensible. L’utilisation de technologies étrangères, probablement chinoises, pour miner des bitcoins aussi près d’une base de missiles nucléaires a été jugée inacceptable par les autorités.

Le Trésor muscle son dispositif de surveillance

Pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, le Département du Trésor vient donc de publier une réglementation destinée à renforcer significativement les pouvoirs du CFIUS en matière de contrôle des investissements immobiliers étrangers à proximité d’un grand nombre de sites militaires américains.

Concrètement, le CFIUS pourra désormais passer au crible bien plus d’opérations immobilières “sensibles” qu’auparavant, en s’appuyant sur une liste élargie d’installations militaires à protéger. L’objectif est clair : identifier et bloquer toute transaction suspecte impliquant des intérêts étrangers potentiellement hostiles.

Cette réglementation finale augmentera considérablement la capacité du CFIUS à examiner de près les transactions immobilières près des bases et nous permettra de dissuader et d’empêcher les adversaires étrangers de menacer nos forces armées, y compris par la collecte de renseignements.

Janet Yellen, secrétaire au Trésor

Des “mines de données” dans le collimateur

Au-delà des infrastructures physiques de minage, la présence de fermes de serveurs informatiques traitant des volumes massifs de données à proximité des bases militaires inquiète au plus haut point les responsables de la sécurité nationale américaine.

D’après des experts cités par le Washington Post, de telles installations pourraient théoriquement servir à intercepter des communications sensibles ou à cartographier les déplacements de personnel sur les bases via l’analyse des schémas de consommation d’énergie. Des informations précieuses pour une puissance étrangère.

Les centres de données à forte consommation d’énergie pourraient servir de couverture pour la surveillance électronique des activités militaires vitales avec des détecteurs thermiques ou des capteurs électroniques spécialisés.

Un ancien responsable de la CIA

Le Wyoming, plaque tournante des mineurs chinois

Le Wyoming, avec son énergie bon marché, son climat frais et sa réglementation favorable aux cryptomonnaies, est devenu ces dernières années une destination prisée pour les entreprises de minage, y compris chinoises.

Selon des estimations relayées par le média spécialisé CoinDesk, plusieurs dizaines de milliers de machines de minage de bitcoins made in China tourneraient actuellement dans des data centers de l’État. Des chiffres difficiles à vérifier mais qui inquiètent à Washington, compte tenu du nombre de bases militaires stratégiques que compte le Wyoming.

L’affaire MineOne et le durcissement réglementaire qui a suivi montrent que le gouvernement américain entend garder un œil extrêmement vigilant sur ces activités de minage à proximité de sites sensibles. Il est probable que d’autres opérations fassent l’objet d’enquêtes approfondies dans les mois à venir.

Des retombées sur l’ensemble de l’industrie crypto ?

Au-delà du cas spécifique des fermes de minage proches des bases militaires, c’est la question plus large de l’implication d’investisseurs étrangers, et notamment chinois, dans l’industrie américaine des cryptomonnaies qui se pose désormais avec acuité.

L’expansion du champ d’action du CFIUS pourrait compliquer certains projets et acteurs crypto, en particulier ceux qui reposent sur des capitaux étrangers.

Cette nouvelle réglementation marque un tournant. Les entreprises crypto qui veulent s’implanter aux États-Unis, surtout si elles ont des liens avec la Chine, vont devoir se montrer totalement transparentes et coopératives avec le CFIUS.

Un analyste juridique spécialisé dans les cryptos

Dans un contexte géopolitique tendu, le Trésor américain semble déterminé à faire le tri entre le bon grain et l’ivraie au sein d’une industrie crypto en pleine ébullition. Avec le risque d’effrayer certains investisseurs étrangers qui préfèreront sans doute se tourner vers des cieux plus cléments. Mais pour les autorités américaines, la sécurité nationale primera toujours sur les considérations business.

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