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Le Transfert Inédit de Mines Antipersonnel par les États-Unis à l’Ukraine

Les États-Unis défient la Convention d'Ottawa en fournissant des mines antipersonnel à l'Ukraine. Un "développement préoccupant" qui soulève des questions sur l'avenir du traité historique de désarmement humanitaire. Quelles en seront les conséquences ?

Un « défi » historique et sans précédent. C’est ainsi que les parties membres de la Convention d’Ottawa ont qualifié la décision des États-Unis de fournir des mines antipersonnel à l’Ukraine, dans le contexte de l’invasion russe. Ce transfert d’armes, normalement interdites par le traité signé en 1997, soulève de sérieuses questions sur l’avenir de cet accord de désarmement humanitaire.

Un développement préoccupant pour l’intégrité du traité

Depuis son entrée en vigueur il y a 25 ans, la Convention d’Ottawa, qui interdit l’acquisition, la production, le stockage et l’utilisation des mines antipersonnel dans les 164 pays signataires, n’avait jamais été confrontée à une telle remise en cause de son intégrité. Selon un communiqué publié mardi par le traité, ce transfert d’armes par Washington constitue un « développement préoccupant ».

Cette annonce controversée intervient alors qu’une conférence internationale se tient actuellement à Siem Reap, au Cambodge, pour évaluer les progrès réalisés vers un monde débarrassé de ces engins explosifs meurtriers. Si l’Ukraine a signé le traité, ce n’est le cas ni des États-Unis, ni de la Russie.

L’Ukraine dans une position délicate

La réception par Kiev de ces mines, normalement prohibées, pourrait constituer une violation directe de la Convention d’Ottawa, d’après les termes du communiqué. Face à cette situation, l’Ukraine a annoncé mardi renoncer à détruire le reste de son stock hérité de l’ère soviétique, compte tenu du contexte de l’invasion russe.

Depuis Siem Reap, un représentant du ministère ukrainien de la Défense a accusé Moscou de mener des « activités génocidaires » en disséminant des mines dans des régions où vivent au moins six millions d’Ukrainiens. Une situation qui place Kiev dans une position délicate vis-à-vis de ses engagements internationaux.

L’impact dévastateur des mines sur les civils

Derrière les enjeux diplomatiques et stratégiques, cette polémique rappelle surtout l’impact dévastateur de ces armes sur les populations. Selon la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL), prix Nobel de la paix 1997, les mines et les restes explosifs de guerre tuent ou blessent très majoritairement des civils.

En 2024, le nombre de victimes a bondi de 20% par rapport à l’année précédente, faisant 5 757 morts ou blessés dans le monde. Rien qu’en Ukraine, l’ICBL a dénombré 580 victimes. Des chiffres qui illustrent toute la pertinence et l’urgence de préserver l’intégrité de la Convention d’Ottawa, malgré les défis inédits auxquels elle est confrontée.

Quel avenir pour le traité de désarmement humanitaire ?

Face à cette crise sans précédent, de nombreuses questions se posent sur l’avenir de ce traité historique. Comment garantir son respect et son efficacité dans un contexte de conflit majeur impliquant des États non-signataires ? Quelles seront les conséquences pour les pays membres qui recevraient ou utiliseraient ces armes interdites ?

Au-delà du cas ukrainien, c’est tout l’édifice du désarmement humanitaire qui semble fragilisé. Les discussions qui se tiennent actuellement à Siem Reap seront déterminantes pour tenter de trouver des réponses à ces défis inédits et préserver l’esprit de la Convention d’Ottawa. Car derrière chaque mine, ce sont des vies innocentes qui sont en jeu.

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