Avant que Léon Marchand ne marque de son empreinte la natation française aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, un autre nageur du club toulousain des Dauphins du TOEC a connu un destin hors du commun, tragique et héroïque à la fois : Alfred Nakache, surnommé le “nageur d’Auschwitz”.
Les débuts fulgurants d’Alfred Nakache dans les années 1930
Né en 1915 à Constantine en Algérie au sein d’une famille juive, Alfred Nakache se révèle être un nageur exceptionnel dès les années 1930. Licencié au Racing Club de France à Paris, il participe aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 où il termine 4ème du relais 4 x 200 mètres nage libre.
Mais c’est sous l’Occupation que sa carrière prend une autre dimension. Réfugié à Toulouse et déchu de sa nationalité française comme tous les juifs d’Algérie, il rejoint le club des Dauphins TOEC. Malgré le contexte, Alfred Nakache continue de briller, remportant 6 des 8 titres de champion de France en 1942. Cette année-là, il détient les records d’Europe du 100 et 200 mètres brasse ainsi que le record du monde du 200 mètres !
Déporté à Auschwitz avec sa famille
Malgré son statut de star du sport français, Alfred Nakache est arrêté le 20 novembre 1943 par la Gestapo avec sa femme et sa fille de 2 ans. Déporté à Auschwitz, il survit à l’enfer concentrationnaire grâce à sa condition physique hors norme. Affecté à l’infirmerie du camp, il apporte un peu d’espoir dans cet univers de cauchemar. Mais il ne reverra jamais sa femme et sa fille, probablement gazées dès leur arrivée.
Les Allemands ne lui pardonnent pas de continuer à battre les records de leurs nageurs.
– Pierre Assouline, écrivain
Le retour héroïque aux Jeux Olympiques de 1948
Rescapé de l’enfer nazi, Alfred Nakache trouve les ressources pour reprendre la compétition et participer contre toute attente aux Jeux Olympiques de Londres en 1948, à 33 ans. Il s’entraîne alors avec les plus grands nageurs français de l’époque comme Alex Jany ou Jean Boiteux.
Son parcours force l’admiration et devient un symbole de résilience. Le grand complexe aquatique de Toulouse où s’entraînent les Dauphins du TOEC est d’ailleurs rapidement renommé en son honneur.
À travers le destin d’exception d’Alfred Nakache, c’est toute l’histoire de ce club mythique et de ses champions qui rejaillit, de Jean Boiteux premier médaillé olympique français en natation au phénomène Léon Marchand. Une saga sportive qui se poursuit de génération en génération.