Dans une initiative surprenante et controversée, l’État américain du Texas a annoncé offrir des terres au Président élu Donald Trump pour la construction d’un “centre de déportations” destiné à l’expulsion massive d’immigrants sans papiers. Cette proposition intervient alors que Trump prévoit de déclarer une urgence nationale sur la sécurité des frontières dès sa prise de fonctions en janvier.
570 hectares de terres publiques proposés à la frontière
Mercredi, la Commissaire à l’aménagement du territoire du Texas, Dawn Buckingham, a annoncé dans un communiqué l’offre faite à l’administration Trump de quelque 570 hectares de terres publiques situées à la frontière sud des États-Unis. Selon le Texas General Land Office, il s’agit d’un ranch récemment acquis en octobre dans le comté de Starr, le long du Rio Grande qui marque la frontière naturelle avec le Mexique.
Dans une lettre adressée à M. Trump, Mme Buckingham précise avoir pris les mesures nécessaires “permettant la construction du mur frontalier du Texas”. Elle souligne que son bureau est “tout à fait prêt” à conclure un accord avec une agence fédérale américaine pour “permettre la construction d’un centre pour le traitement, la détention et la coordination de la plus grande déportation de criminels violents dans l’histoire de la nation”.
Un projet dans la lignée des promesses de campagne de Trump
Cette proposition du Texas s’inscrit dans la droite ligne des engagements de campagne de Donald Trump. Tout au long de la course à la présidentielle, le milliardaire républicain n’a cessé d’accuser les sans-papiers d'”empoisonner le sang” du pays et a dénoncé avec virulence les crimes violents perpétrés selon lui par des migrants. Il a promis d’expulser des millions de personnes et de sécuriser la frontière avec le Mexique.
M. Trump va “mobiliser tous les leviers du pouvoir pour sécuriser la frontière” et lancer ses plans d’expulsion massive.
– Karoline Leavitt, porte-parole de l’équipe de transition de Donald Trump
Des promesses aux actes : la construction avortée du mur
Avant son premier mandat présidentiel, Donald Trump s’était déjà engagé à construire un mur sur toute la longueur de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Un projet emblématique de sa politique anti-immigration qu’il n’a finalement jamais pu mener à bien. L’offre du Texas apparaît donc comme une opportunité pour le Président élu de concrétiser enfin cette promesse.
Selon des sources proches de l’équipe de transition, Donald Trump entend bien saisir cette occasion pour marquer les esprits dès le début de son nouveau mandat. Le futur centre de déportations pourrait devenir le symbole de sa politique de fermeté face à l’immigration clandestine.
Des millions de familles potentiellement touchées
Les autorités estiment qu’environ 11 millions de personnes vivent actuellement illégalement aux États-Unis, ayant pour beaucoup fui la violence ou les difficultés économiques de leur pays d’origine. Avec ses velléités d’expulsions massives, le plan de Donald Trump pourrait avoir un impact direct sur le sort d’environ 20 millions de familles.
Cette perspective suscite une vive inquiétude au sein des communautés immigrées et des associations de défense des droits humains. Beaucoup craignent des drames humains et des déchirements familiaux si ces expulsions venaient à être mises en œuvre à grande échelle.
Des réactions contrastées au sein de la classe politique
L’annonce du Texas a immédiatement suscité des réactions très contrastées dans la classe politique américaine. Les partisans de la ligne dure sur l’immigration saluent un geste fort qui démontre la détermination des États à épauler le Président Trump dans sa lutte contre l’immigration clandestine.
Enfin un État qui prend ses responsabilités et agit concrètement pour endiguer le flot d’immigrés illégaux qui menacent notre mode de vie. Bravo au Texas !
– Un élu républicain qui a requis l’anonymat
À l’inverse, les démocrates et les défenseurs d’une politique migratoire plus ouverte dénoncent une initiative “scandaleuse” et “inhumaine”. Ils accusent le Texas de cautionner et d’encourager la vision radicale de Donald Trump.
C’est une honte absolue. En agissant de la sorte, le Texas se rend complice d’une politique migratoire raciste et discriminatoire. Ces expulsions massives vont briser des milliers de familles.
– Une élue démocrate sous couvert d’anonymat
Quelle suite pour le projet texan ?
Pour l’heure, l’offre du Texas à Donald Trump apparaît surtout comme un geste symbolique fort, destiné à afficher un soutien sans faille à la politique anti-immigration du Président. Reste à savoir quelle sera la suite concrète donnée à ce projet.
Il faudra en effet des mois, voire des années, pour qu’un tel centre de déportations voie effectivement le jour à la frontière. Sa construction et sa mise en service nécessiteront d’importants financements fédéraux et se heurteront sans nul doute à de nombreux obstacles juridiques et politiques.
Une chose est sûre : cette initiative du Texas ne manquera pas de susciter un vif débat dans les prochains mois sur la politique migratoire des États-Unis. Elle place d’ores et déjà la question brûlante de l’immigration au cœur des enjeux du prochain mandat de Donald Trump.