Dans une déclaration surprise, le président tchadien Mahamat Idriss Déby a annoncé la fin des accords militaires liant son pays à la France, une décision qui marque un tournant majeur dans les relations entre les deux nations. Cependant, le dirigeant a tenu à souligner que cette rupture ne signifiait pas un rejet de la coopération internationale ni une remise en question des liens diplomatiques avec Paris.
Une décision souveraine du Tchad
Le général Déby a insisté sur le fait que cette décision relevait de la souveraineté du Tchad et qu’elle n’avait pas été prise à la légère. Il a précisé que son pays n’était nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de changement de maître.
Le Tchad n’est nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de changement de maître.
Mahamat Idriss Déby, président du Tchad
Vers une réorientation du partenariat
Selon le président tchadien, cette décision vise à réorienter le partenariat avec la France vers d’autres domaines qui auront plus d’impacts positifs sur le quotidien des populations respectives. Il a assuré que le Tchad continuerait de jouer tout son rôle au sein des initiatives de renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent africain.
Des accords jugés obsolètes
Le général Déby a expliqué que les accords de coopération militaire avec la France étaient devenus « complètement obsolètes » et ne correspondaient plus aux réalités politiques et géostratégiques actuelles. Il a notamment évoqué les attaques de dimension terroriste auxquelles le pays fait face.
Un retrait progressif des forces françaises
Suite à cette annonce, le gouvernement tchadien a été chargé de prendre attache avec la partie française pour la mise en œuvre de cette décision. Selon les termes de l’accord, chaque partie peut le dénoncer par le biais d’une notification écrite, qui prend effet six mois après réception par l’autre partie.
Le Tchad était le dernier point d’ancrage de la France au Sahel, avec un millier de militaires français répartis sur trois bases. Ce retrait s’inscrit dans un contexte plus large où Paris a déjà dû évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, suite à l’arrivée au pouvoir de juntes militaires qui se sont rapprochées de Moscou.
Un symbole fort pour la souveraineté tchadienne
L’annonce de cette rupture a été faite le jour anniversaire symbolique de la proclamation de la République tchadienne en 1958, soulignant la volonté du pays de réaffirmer sa souveraineté. Elle intervient également quelques mois après l’élection de Mahamat Idriss Déby à la présidence, au terme d’une transition de trois ans menée par une junte militaire suite au décès de son père Idriss Déby.
Cette décision marque un tournant historique dans les relations franco-tchadiennes et témoigne de la volonté du Tchad de redéfinir ses partenariats stratégiques. Si elle soulève de nombreuses questions quant à l’avenir de la présence française au Sahel, elle ouvre également de nouvelles perspectives pour la coopération entre le Tchad et ses partenaires internationaux.