Dans une affaire qui a choqué l’Angleterre, le jeune homme de 18 ans accusé d’avoir poignardé à mort trois fillettes lors d’un cours de danse fin juillet a comparu mercredi devant le tribunal de Westminster. Mais face aux questions des magistrats, il a obstinément gardé le silence, ajoutant au trouble de ce drame.
Un suspect mutique qui intrigue
Lors de l’audience visant à l’informer de nouvelles charges pesant contre lui, Axel Rudakubana, le suspect, est resté totalement silencieux. Comparaissant par vidéoconférence depuis sa prison, il a dissimulé le bas de son visage sous un pull, refusant même de décliner son identité lorsque le tribunal le lui a demandé.
Pour des raisons qui lui sont propres, il a choisi de ne pas répondre.
Stan Reiz, avocat d’Axel Rudakubana
Ce mutisme, qui n’est pas nouveau selon son avocat, ajoute une dimension troublante à une affaire déjà profondément choquante. Le mobile de ce jeune gallois d’origine rwandaise reste nimbé de mystère.
Un drame qui a ébranlé le pays
Le meurtre des trois fillettes âgées de 6 à 9 ans, survenu le 29 juillet dernier à Southport lors d’un cours de danse inspiré par Taylor Swift, avait déclenché une vive émotion dans tout le pays. Des émeutes anti-immigration avaient éclaté dans des dizaines de villes, attisées par des rumeurs infondées circulant en ligne qui présentaient le suspect comme un demandeur d’asile musulman.
En plus d’être accusé du meurtre des fillettes et d’avoir blessé huit autres enfants et deux adultes, Axel Rudakubana a été inculpé mardi pour des faits distincts à caractère terroriste. Il est soupçonné d’avoir fabriqué de la ricine, un poison mortel, et détenu un manuel d’entraînement d’Al-Qaïda.
Des zones d’ombre qui persistent
Si la dimension terroriste a été écartée pour l’attaque de Southport en elle-même, ces nouvelles accusations soulèvent des questions sur un possible mobile idéologique et jettent une lumière troublante sur le profil du suspect. Des critiques se sont élevées contre les autorités, accusées d’avoir dissimulé des informations au public.
L’État ne devrait pas mentir à ses propres citoyens. Nous ne savons pas pourquoi ces informations ont été dissimulées.
Robert Jenrick, candidat à la tête du parti conservateur
Selon certaines sources, de hauts responsables gouvernementaux auraient été informés de la possibilité de nouvelles charges contre le suspect ces dernières semaines, sans que cela ne soit rendu public. De quoi nourrir les interrogations sur la gestion de cette affaire hors norme.
Un procès très attendu en janvier
C’est en janvier prochain qu’Axel Rudakubana comparaîtra pour le meurtre des trois fillettes. Un procès qui s’annonce intense et très suivi, tant cette tragédie a marqué les esprits. Le silence du suspect, son profil atypique et les zones d’ombre de l’enquête laissent présager de vifs débats.
D’ici là, difficile d’imaginer que le jeune homme revienne sur son choix de se murer dans le silence. Une attitude qui résonne douloureusement avec le deuil et l’incompréhension des familles des victimes. Seul le procès permettra peut-être d’obtenir des réponses et d’éclairer les ressorts de ce drame qui a endeuillé l’Angleterre cet été.