Le monde des cryptomonnaies est en ébullition suite à l’annonce de l’extradition imminente du spécialiste sud-coréen Do Kwon vers les États-Unis. Cette décision, prise par le ministre monténégrin de la Justice Bojan Bozovic, marque un tournant décisif dans l’affaire de la faillite retentissante de Terraform Labs, l’entreprise fondée par Kwon, qui a englouti plus de 40 milliards de dollars et ébranlé les marchés mondiaux de la crypto.
Une chute spectaculaire
Do Kwon, de son vrai nom Kwon Do-Hyeong, était considéré comme un génie des cryptomonnaies avant que son empire ne s’effondre tel un château de cartes en 2022. Sa société, Terraform Labs, avait développé les cryptomonnaies TerraUSD et Luna, cette dernière étant présentée comme une « stablecoin » censée être moins volatile que ses consœurs. Pourtant, contrairement aux grandes stablecoins du marché, sa stabilité reposait sur un algorithme plutôt que sur des réserves tangibles, une fragilité qui allait lui être fatale.
Une fuite en avant
Lorsque l’édifice s’est écroulé, entraînant dans sa chute des dizaines de milliards de dollars, Kwon a pris la fuite, quittant précipitamment la Corée du Sud puis Singapour. Pendant des mois, il est resté introuvable, jusqu’à son arrestation en mars 2023 à l’aéroport de Podgorica, la capitale monténégrine, alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Dubaï avec un faux passeport costaricain.
Un imbroglio judiciaire
Son interpellation a marqué le début d’une bataille juridique complexe, la Corée du Sud et les États-Unis réclamant tous deux son extradition pour son rôle présumé dans cette fraude massive. Après une série de décisions contradictoires de la justice monténégrine, la Cour constitutionnelle du pays a finalement tranché en faveur de Washington.
Le ministre de la Justice a pris en considération tous les faits et les circonstances, tels que la gravité des faits criminels, le lieu des faits, l’ordre de dépôt de la demande d’extradition, la citoyenneté de la personne recherchée et la possibilité d’une postérieure extradition vers un autre pays.
Communiqué du ministère monténégrin de la Justice
Des révélations troublantes
L’affaire Kwon a également mis en lumière les pratiques douteuses de certains acteurs du secteur des cryptomonnaies. Lors de son arrestation, l’entrepreneur était en possession de plusieurs passeports, dont des documents belges établis à des noms différents. Son directeur financier, arrêté en même temps que lui, a déjà été extradé vers la Corée du Sud en février.
Un secteur sous pression
Ce scandale d’envergure internationale met en évidence les risques inhérents au marché des cryptomonnaies, encore insuffisamment régulé. La chute de Terraform Labs a ébranlé la confiance des investisseurs et suscité des appels à un encadrement plus strict du secteur. Les régulateurs du monde entier scrutent désormais de près les activités des entreprises de cryptomonnaies, soucieux d’éviter de nouveaux dérapages.
L’extradition de Do Kwon vers les États-Unis marque une étape cruciale dans la quête de justice et de transparence. Son procès très attendu devrait permettre de faire la lumière sur les circonstances exactes de cette faillite sans précédent et, peut-être, d’en tirer les leçons pour construire un écosystème crypto plus sain et plus résilient. Une chose est sûre : le monde de la finance décentralisée ne sera plus jamais le même après l’affaire Kwon.
