Le nouveau gouvernement du Sri Lanka s’est réjoui mardi des sanctions imposées par les États-Unis à l’encontre de 14 individus, dont deux anciens hauts responsables sri-lankais liés au clan des ex-présidents Mahinda et Gotabaya Rajapaksa. Ces sanctions visent à promouvoir le principe de responsabilité des auteurs de corruption, notamment dans le cadre d’affaires concernant l’achat d’avions pour le pays.
Deux proches des Rajapaksa dans le collimateur
Parmi les personnes sanctionnées figurent Udayanga Weeratunga, un cousin germain des frères Rajapaksa et ancien ambassadeur en Russie, ainsi que Kapila Chandrasena, ex-directeur de la compagnie aérienne nationale SriLankan Airlines, lié au clan par alliance. Ils se voient désormais interdits d’entrée sur le territoire américain et les entités US ne peuvent plus effectuer de transactions avec eux.
Des précédents sous la présidence de Mahinda Rajapaksa
Les faits reprochés remontent à l’époque où Mahinda Rajapaksa était président, jusqu’en 2015. M. Weeratunga est accusé d’avoir orchestré un système de corruption et d’en avoir personnellement bénéficié lors de l’achat d’avions de chasse MiG pour l’armée de l’air sri-lankaise. Quant à M. Chandrasena, il aurait accepté un pot-de-vin en tant que PDG de SriLankan Airlines pour l’acquisition d’Airbus à un prix surfacturé.
Des poursuites judiciaires au point mort
Si des procédures avaient été engagées il y a quelques années contre les deux hommes, celles-ci n’ont guère avancé. M. Chandrasena était soupçonné d’avoir perçu une avance de 2 millions de dollars sur un pot-de-vin plus conséquent en échange de l’achat de huit A350 en 2013. Concernant les avions MiG d’occasion achetés à la Russie, l’armée de l’air sri-lankaise aurait payé le double du prix, l’argent en surplus atterrissant dans les poches de proches du pouvoir.
L’ombre du clan Rajapaksa
Au moment de l’accord sur les MiG, le ministère de la Défense était dirigé par Gotabaya Rajapaksa, le frère cadet de Mahinda. Gotabaya est ensuite devenu président à son tour, avant d’être renversé en 2022 dans la foulée d’un mouvement de protestation massif contre la crise économique et la corruption qui gangrènent le Sri Lanka.
Un « catalyseur » pour la justice sri-lankaise ?
Pour le ministre de l’Information Nalinda Jayatissa, les sanctions américaines devraient servir d’élément déclencheur pour rouvrir ces dossiers de corruption et enfin traduire les responsables en justice. Il a déclaré à la presse que le gouvernement avait besoin d’un peu de temps pour mener des enquêtes approfondies, mais que les anciens dignitaires ne bénéficieraient plus d’une quelconque impunité.
Ces développements illustrent la volonté des États-Unis de sanctionner la corruption à l’étranger, volonté saluée par les nouvelles autorités sri-lankaises qui cherchent à tourner la page de l’ère Rajapaksa. Reste à voir si la justice du pays saura saisir cette opportunité pour juger enfin les puissants d’hier et lancer ainsi le Sri Lanka sur la voie de l’assainissement tant espéré par sa population.