Malgré les déboires judiciaires à répétition de Mohamed Haouas, pilier international du Montpellier Hérault Rugby (MHR), Bernard Laporte, directeur sportif du club, lui apporte un soutien sans faille. Une position qui suscite le débat dans le monde du rugby professionnel, tiraillé entre la volonté de sanctionner les écarts de conduite et celle de donner une chance de rédemption aux joueurs.
Un Joueur Talentueux Mais Controversé
Mohamed Haouas, 30 ans, s’est imposé comme un pilier incontournable du XV de France avec 16 sélections entre 2020 et 2023. Mais son parcours a été émaillé de condamnations judiciaires :
- En 2014, condamné à 18 mois de prison avec sursis pour cambriolage
- En 2023, condamné à un an de prison ferme avec aménagement de peine pour violences conjugales
- Début décembre 2022, contrôlé positif à un test d’alcoolémie au volant
Face à ces écarts répétés, le MHR a opté pour une sanction mesurée : trois semaines de mise à pied avec pénalité financière, avant une réintégration dans l’effectif. Une décision justifiée par Bernard Laporte :
Je suis ravi du mec. […] Tout le monde pense que c’est un tocard, mais ce n’est pas vrai. […] Il le mérite.
Bernard Laporte, directeur sportif du MHR
La Clémence, Une Tradition Dans les Clubs
Le cas Haouas illustre la tendance des clubs à protéger leurs joueurs talentueux malgré leurs écarts de conduite. Une pratique courante dans le rugby professionnel, où la performance sportive prime souvent sur le reste.
Selon une source proche du club, le vestiaire du MHR n’a pas été déstabilisé par les agissements d’Haouas. Au contraire, les joueurs soutiennent leur coéquipier, conscients de son importance sur le terrain.
Un Double Standard Médiatique ?
Bernard Laporte dénonce un traitement médiatique disproportionné à l’égard de Mohamed Haouas, estimant qu’il y a un « deux poids, deux mesures » par rapport à d’autres affaires touchant le rugby.
Quand je vois les affaires qu’il y a dans le rugby, que certains sont en prison, et que lui fait la Une des journaux…
Bernard Laporte
Un sentiment partagé par certains observateurs, qui pointent une focalisation excessive sur le cas Haouas, au détriment d’autres dossiers pourtant plus graves.
Le Rugby Comme Voie de Rédemption
En maintenant sa confiance à Mohamed Haouas, Bernard Laporte mise sur la capacité du rugby à offrir une seconde chance aux joueurs en difficulté. Une conviction ancrée dans les valeurs de solidarité et de dépassement de soi prônées par ce sport.
Reste à savoir si cette main tendue suffira à remettre durablement le pilier international sur le droit chemin. Car au-delà des terrains, c’est aussi l’image du rugby qui est en jeu à travers ce genre d’affaires.
Un Pari Risqué Pour l’Image du Rugby
Si les clubs font souvent preuve de mansuétude envers leurs joueurs afin de préserver leur compétitivité sportive, cette pratique n’est pas sans risque pour la réputation du rugby dans son ensemble.
En effet, la multiplication des affaires extra-sportives impliquant des rugbymen pourrait à terme ternir l’image d’un sport qui se veut porteur de valeurs positives comme le respect, la discipline et l’exemplarité.
D’aucuns estiment qu’une plus grande fermeté des clubs et des instances serait nécessaire pour endiguer ce phénomène et réaffirmer l’éthique du rugby. Mais trouver le juste équilibre entre performance sportive et responsabilité morale n’est pas chose aisée.
Vers une Responsabilisation des Joueurs
Au-delà des sanctions, certains prônent une approche préventive pour éviter la récidive des joueurs. Cela passerait par un accompagnement renforcé sur les plans psychologique, social et éducatif.
L’objectif : aider les rugbymen à mieux appréhender leur statut de personnage public et les responsabilités qui en découlent, sur et en dehors du terrain. Un travail de fond indispensable pour préserver la probité du rugby professionnel sur le long terme.
Le cas Mohamed Haouas cristallise donc les tensions qui traversent le rugby de haut niveau, tiraillé entre exigence de résultats et exemplarité. Si la clémence des clubs est compréhensible sportivement, elle ne doit pas pour autant se faire au détriment de l’éthique. C’est tout l’enjeu des prochaines années pour ce sport en pleine mutation.