Lors d’une rencontre à Paris ce mardi, le président français Emmanuel Macron et le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte ont martelé l’importance de maintenir une aide militaire conséquente envers l’Ukraine. Cette prise de position intervient alors que l’élection de Donald Trump aux États-Unis soulève des interrogations sur la pérennité du soutien américain à Kiev.
Une “priorité absolue” malgré les doutes
Emmanuel Macron a été on ne peut plus clair : l’appui à l’Ukraine, pays agressé par la Russie, demeure une “priorité absolue”. Une affirmation prononcée juste avant un déjeuner de travail avec son homologue de l’OTAN. Le chef de l’État français a aussi pointé du doigt le déploiement récent de soldats nord-coréens sur la ligne de front, y voyant une “escalade grave”.
Pour lui, continuer de plaider pour un soutien sans faille de l’OTAN et de ses alliés à l’armée ukrainienne est “l’unique voie vers des négociations” de paix. Il a tenu à être limpide sur un point :
Le moment venu, rien ne devra se décider sur l’Ukraine sans les Ukrainiens, ni sur l’Europe sans les Européens.
Emmanuel Macron
Des propos qui font écho aux déclarations ambiguës de Donald Trump pendant sa campagne. Le futur locataire de la Maison Blanche avait en effet promis de mettre un terme à la guerre en 24 heures, sans préciser comment.
Un défi immédiat pour l’alliance transatlantique
Mark Rutte a quant à lui exhorté les Occidentaux à “faire plus que seulement permettre à l’Ukraine de se battre”. Selon lui, le défi immédiat est bien de soutenir ce pays qui s’apprête à vivre son hiver le plus rude depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
Le nouveau patron de l’OTAN voit dans l’appui apporté par la Corée du Nord à Moscou une illustration de la nécessité de l’engagement américain. D’après lui, la Russie aide financièrement Pyongyang et lui fournit une expertise en matière de technologies de missiles, qui “posent une menace directe pour le territoire américain”.
Des menaces au-delà de l’Europe
En collaborant avec la Corée du Nord mais aussi l’Iran et la Chine, la Russie “ne menace pas seulement l’Europe mais menace aussi la paix et la sécurité dans l’Indo-Pacifique et en Amérique du Nord”, a averti Mark Rutte.
Face aux critiques récurrentes de Donald Trump sur le budget défense européen, Emmanuel Macron a admis que le Vieux Continent avait “trop longtemps évité de porter le fardeau de sa propre sécurité”, même si “ce n’a jamais été le cas de la France”. Il a réitéré son souhait de bâtir un “pilier européen” au sein de l’alliance transatlantique, estimant que c’est ce qu’attend “à juste titre” l’administration américaine.
Nous avons besoin d’une coopération transatlantique de défense plus robuste et plus d’investissements de défense.
Mark Rutte
Une analyse partagée par Mark Rutte, pour qui plus les dépenses de défense sont élevées, plus le risque de futur conflit est réduit. Un message adressé en creux aux États-Unis de Donald Trump, mais pas seulement. L’Europe devra elle aussi assumer davantage son rôle si elle veut peser dans ce dossier brûlant.