L’année 2023 marque un tournant historique dans la transition énergétique mondiale. Pour la première fois, les énergies renouvelables, emmenées par le solaire et l’éolien, ont représenté une part plus importante que les énergies fossiles dans les nouvelles capacités de production d’électricité mises en service.
40% des nouvelles capacités sont renouvelables
Selon une analyse du site spécialisé Carbon Brief, sur les 2% d’augmentation de la production électrique mondiale entre 2022 et 2023, pas moins de 40% proviennent du solaire et de l’éolien. Le solaire a pesé pour 21% et l’éolien pour 19%. En comparaison, les fossiles ont fourni 39% des nouvelles capacités (20% pour le gaz et 19% pour le charbon), et le nucléaire seulement 4%.
C’est une première dans l’histoire énergétique. Jamais les renouvelables n’avaient dépassé les fossiles dans le mix des nouvelles installations. Cela démontre l’accélération spectaculaire de la transition vers des sources d’énergie plus propres et durables.
Un basculement porté par la Chine
Cette évolution s’explique principalement par le développement fulgurant du solaire en Chine. Le géant asiatique a installé des capacités records de panneaux photovoltaïques, dépassant toutes les prévisions. La Chine s’impose comme le leader incontesté des énergies renouvelables.
“Une prévision que l’on a toujours ratée, c’est le déploiement du solaire” souligne Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting.
Nicolas Goldberg
Les fossiles toujours dominants dans le mix global
Malgré cette percée des renouvelables dans les nouvelles installations, il faut rappeler que les énergies fossiles restent ultra-majoritaires dans le mix électrique global. Fin 2023, le pétrole pesait pour 31%, le charbon pour 26% et le gaz pour 23%, soit 80% à eux trois. Les renouvelables ne représentaient que 8% du mix (3% pour le solaire, 3% pour l’éolien terrestre, 1% pour l’hydraulique et 1% pour la biomasse).
Des investissements fossiles toujours massifs
De plus, les investissements dans les énergies fossiles, bien qu’en baisse, restent colossaux. Ils sont motivés par des raisons géopolitiques (sécuriser les approvisionnements) et économiques (maintenir des prix bas). Des motivations court-termistes et déconnectées de l’urgence climatique selon les experts.
“Si les investissements dans les fossiles continuent, on n’atteindra pas les objectifs de l’accord de Paris de limiter le réchauffement sous 2°C.”
Nicolas Goldberg, expert énergie
Un virage encore insuffisant
Malgré ces bémols, le fait que le solaire et l’éolien aient, pour la première fois, pesé plus lourd que les fossiles dans les nouvelles capacités marque un tournant. C’est le signe que la transition énergétique s’accélère enfin, sous l’effet de la baisse des coûts et des politiques publiques de soutien. Mais il faudra amplifier encore plus cet élan pour espérer tenir les engagements de l’accord de Paris et éviter un réchauffement climatique catastrophique.
En résumé :
- En 2023, 40% des nouvelles capacités électriques mondiales étaient renouvelables, dépassant les 39% des fossiles
- Le solaire a pesé pour 21%, porté par un développement spectaculaire en Chine
- Mais les fossiles restent ultra-dominants dans le mix global (80% fin 2023)
- Les investissements fossiles perdurent pour des raisons géopolitiques et économiques
- Un virage historique mais encore insuffisant face à l’urgence climatique