L’augmentation du SMIC de 2% au 1er novembre prochain vient d’être confirmée par un décret publié au Journal Officiel ce jeudi 24 octobre. Cette hausse, qui avait été annoncée par le Premier ministre lors de son discours de politique générale début octobre, portera le salaire minimum à 1801,80 euros bruts mensuels, franchissant ainsi pour la première fois la barre symbolique des 1800 euros. Une nouvelle particulièrement attendue par les salariés les moins bien rémunérés en cette période d’inflation galopante, mais qui suscite l’inquiétude de nombreux chefs d’entreprises.
Le SMIC au-dessus des 1800€, un seuil emblématique
Avec cette revalorisation de 2%, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) atteindra donc 1801,80 euros bruts par mois pour un temps plein de 35 heures, soit une hausse de 35,37 euros par rapport au montant actuel. En termes de salaire horaire brut, le SMIC passera de 11,65€ à 11,88€.
Cette augmentation, la huitième depuis janvier 2021, s’inscrit dans un contexte d’inflation record qui pèse lourdement sur le budget des ménages. D’après une source proche du gouvernement, l’exécutif a ainsi souhaité apporter une réponse rapide à la problématique du pouvoir d’achat dès cet automne, sans attendre la revalorisation automatique du SMIC prévue au 1er janvier.
Une formule de calcul basée sur l’inflation et les salaires
Le décret précise que “ce relèvement anticipé de 2% résulte de l’application de la formule du calcul de la revalorisation annuelle du SMIC, telle qu’elle est réalisée en fin d’année, au vu des prévisions actuelles d’évolution des prix à la consommation et du salaire horaire des ouvriers et des employés”.
Pour rappel, le SMIC bénéficie chaque année d’une hausse mécanique au 1er janvier, à laquelle peuvent s’ajouter des augmentations en cours d’année dès que l’inflation dépasse les 2% par rapport à la dernière revalorisation. Le gouvernement a également la possibilité d’aller au-delà via un “coup de pouce”, une option non retenue depuis 2012.
Les salariés au SMIC, 17,3% des employés français
Selon les derniers chiffres officiels, pas moins de 17,3% des salariés français étaient rémunérés au salaire minimum au 1er janvier 2023. En termes d’effectifs, cela représente environ 2,5 millions de personnes concernées de près par la hausse du SMIC.
Si cette augmentation va indéniablement soulager un peu le porte-monnaie des travailleurs les plus précaires, son impact risque cependant d’être en partie absorbé par la flambée persistante des prix, notamment ceux de l’alimentation et de l’énergie.
Des répercussions en cascade sur les entreprises
Du côté du patronat, cette nouvelle hausse du salaire minimum suscite de vives inquiétudes. Outre l’augmentation directe de la masse salariale pour les employés payés au SMIC, de nombreuses entreprises redoutent un effet domino sur l’ensemble des rémunérations.
Pour maintenir les écarts de salaires en interne et préserver la motivation des équipes, beaucoup d’employeurs n’auront pas d’autre choix que de revaloriser l’ensemble de leur grille salariale
explique un représentant d’une organisation patronale
Une augmentation généralisée des salaires qui risque de peser lourd sur les comptes des sociétés, déjà mises à mal par la flambée des coûts des matières premières et de l’énergie. Certains secteurs comme la restauration, les services à la personne ou le commerce, qui emploient une forte proportion de salariés au SMIC, pourraient être particulièrement touchés.
Le casse-tête de la compétitivité des entreprises
Au-delà de l’impact immédiat sur les charges, les chefs d’entreprises s’alarment des conséquences à long terme de ces revalorisations successives du SMIC sur la compétitivité des sociétés françaises. Avec un coût du travail déjà parmi les plus élevés d’Europe, notamment en raison des cotisations sociales, la France pourrait devenir de moins en moins attractive pour les investisseurs étrangers.
Pour tenter d’amortir le choc, le patronat plaide pour des mesures d’aides et d’exonérations de charges, en particulier pour les PME des secteurs les plus exposés. Le gouvernement n’a pour l’instant pas donné suite à ces revendications, estimant que les entreprises bénéficient déjà de nombreux dispositifs de soutien face à la crise.
Quel impact réel sur le pouvoir d’achat ?
Si la hausse du SMIC est plutôt bien accueillie par les syndicats de salariés, certains jugent cependant son niveau insuffisant par rapport à l’envolée de l’inflation, qui devrait atteindre 6,2% sur un an en octobre selon les dernières estimations de l’Insee.
Pour vraiment défendre le pouvoir d’achat, il aurait fallu une augmentation d’au moins 5% au vu des chiffres de l’inflation. Là on est plus sur un rattrapage symbolique que sur une réelle avancée.
regrette un responsable syndical
En effet, rapportée à la hausse des prix, la revalorisation du SMIC au 1er novembre représentera un gain de pouvoir d’achat assez limité de l’ordre de 12,50 euros nets par mois pour un salarié à temps plein payé au salaire minimum.
Reste à voir si cette augmentation, combinée au paquet pouvoir d’achat adopté cet été et aux futures mesures budgétaires en préparation, permettra d’atténuer un peu les effets de l’inflation sur les ménages les plus modestes. Un défi majeur pour l’exécutif, sous pression pour apporter des réponses concrètes à la crise du coût de la vie qui frappe durement le pays.