Alors que les Français subissent une perte de pouvoir d’achat depuis plusieurs années, la proposition d’augmenter le Smic à 1600 euros net fait son chemin. Portée par la gauche, cette mesure est présentée comme une solution miracle pour redonner du pouvoir d’achat aux salariés les plus modestes. Mais est-ce vraiment le cas ? Quelles pourraient être les conséquences économiques d’une telle hausse ?
Un coût important pour les finances publiques
Selon l’Institut Montaigne, augmenter le Smic à 1600 euros net entraînerait un surcoût annuel d’environ 19 milliards d’euros pour les finances publiques. En effet, cette hausse devrait être compensée par l’État auprès des entreprises via des exonérations de cotisations sociales, afin de ne pas pénaliser leur compétitivité. Un coût difficilement soutenable dans un contexte de déficits publics records.
Des effets pervers sur l’emploi
Outre son impact budgétaire, une telle revalorisation du Smic pourrait avoir des effets négatifs sur l’emploi. En augmentant significativement le coût du travail, elle risquerait de freiner les embauches, en particulier dans les petites entreprises et les secteurs à faible valeur ajoutée comme la restauration ou les services à la personne.
Une hausse trop brutale du Smic peut détruire des emplois, surtout les moins qualifiés.
Gilbert Cette, économiste
Un risque d’effet de seuil
Autre écueil : l’effet de seuil. En passant directement à 1600 euros, le Smic se rapprocherait de nombreux salaires légèrement supérieurs. Cela pourrait susciter des revendications en cascade pour conserver les écarts de rémunération, avec un impact inflationniste.
- 55% des Français favorables au Smic à 1600 euros (sondage Elabe)
- Mais 70% conscients des risques pour l’emploi et l’économie
Mieux cibler les bas salaires ?
Plutôt qu’une hausse généralisée du Smic, certains économistes prônent des mécanismes plus ciblés pour soutenir les travailleurs modestes : prime d’activité, couplée à une revalorisation différenciée des minimas sociaux. L’objectif : augmenter le revenu disponible des ménages précaires sans alourdir le coût du travail.
La question du Smic cristallise les débats sur le partage de la valeur et la lutte contre la pauvreté laborieuse. Si la proposition d’un « coup de pouce » à 1600 euros semble séduisante, elle comporte des risques économiques non négligeables. Le sujet devrait animer la prochaine campagne présidentielle, entre promesses de pouvoir d’achat et appels à la responsabilité budgétaire. La quadrature du cercle ?