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Le Serment Au Roi Charles III Divise Une Ville Canadienne

À Dawson, le nouveau maire et quatre conseillers refusent de prêter serment au roi Charles III, paralysant le conseil municipal. Un débat sur la monarchie qui divise le Canada et soulève des questions sur l'histoire coloniale...

Dans la petite ville de Dawson, nichée dans le Grand Nord canadien, un serment divise et paralyse la vie politique locale. Un mois après les élections municipales, le conseil n’a toujours pas pu commencer à travailler. La raison ? Le refus d’une partie des élus fraîchement nommés de prêter serment au roi Charles III, nouveau monarque du Royaume-Uni et du Commonwealth.

Au Canada, pays membre du Commonwealth, la plupart des élus doivent prononcer un serment d’allégeance à la monarchie britannique avant d’entrer en fonction. Une tradition héritée de l’époque coloniale, qui s’applique également à tous les nouveaux citoyens canadiens lors de leur cérémonie de naturalisation. Mais à Dawson, ville du Yukon à la frontière de l’Alaska, cet usage séculaire se heurte à une résistance inattendue.

Un refus motivé par l’histoire coloniale

Selon un responsable administratif de la ville, le nouveau maire et quatre conseillers municipaux ont refusé de prêter serment “en raison de l’histoire des relations entre les autochtones et la Couronne”. Les peuples autochtones, qui représentent environ 5% de la population canadienne, entretiennent souvent une relation conflictuelle avec la monarchie britannique, vue comme un symbole des abus subis pendant la période coloniale.

Face à cette situation inédite, les autorités locales se retrouvent dans une impasse. “Notre conseil a demandé que l’on envisage un serment alternatif, comme cela a été fait en Ontario lorsque des problèmes similaires se sont posés”, explique David Henderson, responsable administratif. Mais pour l’heure, aucune solution n’a été trouvée et la vie politique de Dawson reste paralysée.

Un débat qui s’étend à tout le Canada

Le cas de Dawson n’est pas isolé. Partout au Canada, la question de la pertinence du serment à la monarchie britannique fait débat. En décembre 2022, l’Assemblée du Québec a même adopté un projet de loi rendant ce serment facultatif, après plusieurs semaines de polémique.

Si le monarque britannique est officiellement le chef d’État du Canada, ses pouvoirs y sont essentiellement honorifiques. Il est représenté par un gouverneur général, nommé par le Premier ministre canadien. Actuellement, ce poste est occupé pour la première fois par une femme autochtone, Mary Simon, originaire du nord du Québec.

Une majorité de Canadiens favorables à l’abolition de la monarchie

Malgré ces gestes d’ouverture, le malaise persiste. Selon un sondage réalisé avant le couronnement de Charles III, une courte majorité de Canadiens aimerait en finir avec la royauté, un pourcentage qui atteint 71% au Québec. La controverse de Dawson illustre les tensions qui entourent cet héritage colonial, dans un pays qui peine encore à se réconcilier avec son passé.

Pour les élus rebelles de Dawson, le refus de prêter serment au roi est un geste fort, un acte de résistance face à des siècles d’oppression. Mais c’est aussi un blocage institutionnel qui paralyse la vie démocratique de leur petite communauté. Un dilemme qui reflète toute la complexité des relations entre le Canada et la Couronne britannique, entre tradition et émancipation.

L’affaire de Dawson n’a pas fini de faire parler d’elle. Elle pourrait bien être le catalyseur d’un débat plus large sur la place de la monarchie dans le Canada du 21ème siècle. Un débat qui, au-delà des symboles, interroge l’identité même de ce vaste pays, forgée par une histoire coloniale dont l’ombre continue de planer.

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