Dans un entretien exclusif avec l’AFP, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé une décision lourde de conséquences pour les relations entre la France et le Sénégal. Selon lui, les bases militaires françaises présentes sur le sol sénégalais devront bientôt fermer leurs portes. Une prise de position forte qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir du partenariat entre les deux pays.
Vers une refonte profonde des relations franco-sénégalaises ?
Le président Faye a été clair : la présence militaire française au Sénégal n’est plus compatible avec le statut de pays indépendant et souverain. Selon lui, 65 ans après l’indépendance, il est temps pour la France d’envisager un partenariat d’égal à égal, dépouillé de cette présence militaire.
La mise à jour de notre doctrine militaire impose qu’il n’y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal
– Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal
Cette annonce intervient alors que le Sénégal s’apprête à commémorer le massacre de Thiaroye, où des tirailleurs sénégalais ont été tués par l’armée française en 1944. Le président Faye a salué la reconnaissance par Emmanuel Macron de ce massacre, y voyant « un grand pas » vers la manifestation de la vérité.
La question des réparations
Au-delà de cette reconnaissance, le Sénégal n’exclut pas de demander des réparations à la France pour ce massacre. Le président Faye a rappelé que les tirailleurs massacrés réclamaient légitimement leurs dus, comme leurs frères d’armes français.
Ce n’est pas parce qu’ils ont reçu des balles que ces pécules ne sont plus dus
– Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal
Vers un partenariat rénové
Cette demande de fermeture des bases militaires s’inscrit dans une volonté plus large de refonder les relations franco-sénégalaises sur des bases plus équitables. Le président Faye a souligné que la Chine, premier partenaire commercial du Sénégal, n’avait pas de présence militaire dans le pays.
Il a appelé à un partenariat « dépouillé de cette présence militaire », mais « riche, fécond, privilégié et global ». Une main tendue vers une redéfinition profonde des liens entre la France et son ancienne colonie.
Quid des autres enjeux internationaux ?
Au-delà de la relation avec la France, le président sénégalais a également évoqué d’autres sujets d’actualité internationale. Il a félicité Donald Trump pour sa réélection, tout en espérant que cela n’entraînera pas de nouvelles guerres commerciales préjudiciables à l’Afrique.
Sur le conflit russo-ukrainien, le Sénégal a réaffirmé sa position de neutralité, prônant un « camp de la paix » au-delà des agresseurs et des agressés. Enfin, le président Faye a dénoncé l’injustice des pays riches face aux défis du dérèglement climatique, dont les pays pauvres subissent les conséquences de plein fouet.
Une nouvelle ère pour les relations Afrique-France ?
L’annonce du président sénégalais résonne comme un coup de tonnerre dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. Elle pose la question de l’avenir de la présence militaire française en Afrique et, plus largement, de la refondation nécessaire des liens entre les deux continents.
Il faudra suivre de près les réactions de Paris et des autres capitales africaines dans les prochains jours. Une chose est sûre : le statu quo ne semble plus tenable et le vent du changement souffle sur les relations franco-africaines. Vers un nouveau partenariat d’égal à égal ?