C’est un pavé dans la mare que vient de jeter le Sénat en adoptant mardi une mesure très sensible visant à réduire les allègements de cotisations patronales. L’objectif affiché ? Dégager pas moins de 3 milliards d’euros supplémentaires pour abonder les caisses de la Sécurité sociale, au grand dam des employeurs qui voient d’un très mauvais œil cette ponction inattendue sur leurs finances.
Un dispositif intermédiaire qui ne convainc pas le patronat
Concrètement, les sénateurs ont opté pour un dispositif intermédiaire par rapport à la proposition initiale du gouvernement, qui tablait initialement sur une rentrée d’argent de 4 milliards d’euros pour renflouer les comptes de la Sécu. Une réduction de voilure qui n’a pas suffi à apaiser la colère du patronat, qui dénonce une mesure « injuste » et « contre-productive » pour l’économie française.
C’est un très mauvais signal envoyé aux entreprises, qui ont besoin de visibilité et de stabilité pour investir et embaucher
Une source patronale
Des débats houleux et des tensions politiques
L’adoption de cette réforme n’est pas passée comme une lettre à la poste, loin s’en faut. Pendant plusieurs heures, les débats ont été particulièrement nourris et tendus dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg. La droite et le centre, qui dominent le Sénat, ont dû batailler ferme pour faire passer leur version édulcorée du texte, face à une gauche vent debout contre toute hausse des prélèvements sur les entreprises.
Mais c’est surtout du côté de la majorité présidentielle que les critiques ont fusé, plusieurs sénateurs LREM dénonçant une mesure « à rebours des engagements du président de la République » en faveur de la baisse des impôts et des charges. Une fronde qui témoigne des vives tensions qui traversent actuellement le camp macroniste sur les questions économiques et budgétaires.
Une bouffée d’oxygène pour la Sécu, mais à quel prix ?
Si elle est définitivement adoptée, cette mesure devrait tout de même permettre de donner un peu d’air aux finances de la Sécurité sociale, qui croule sous le poids des déficits depuis la crise du Covid. Avec 3 milliards d’euros supplémentaires dans les caisses, le gouvernement espère pouvoir financer de nouvelles dépenses tout en commençant à réduire la dette sociale, qui a atteint des sommets historiques.
Mais à quel prix pour les entreprises, déjà fragilisées par la crise économique et les pénuries ? C’est toute la question qui se pose aujourd’hui, alors que le patronat agite déjà le chiffon rouge des destructions d’emplois et de la perte de compétitivité. Un épouvantail qui ne semble pas avoir effrayé les sénateurs, déterminés à faire payer aux employeurs une partie de l’addition Covid.
Et maintenant ? Les prochaines étapes cruciales
Le feuilleton est loin d’être terminé, puisque le texte doit maintenant repartir à l’Assemblée nationale pour une nouvelle lecture. Les députés, qui avaient initialement rejeté toute idée de réduction des allègements de charges, vont-ils se ranger à la position du Sénat ? Rien n’est moins sûr, d’autant que le gouvernement semble lui aussi partagé sur la marche à suivre.
Une chose est sûre : les négociations s’annoncent une nouvelle fois houleuses et complexes pour accoucher d’un compromis acceptable par tous. Avec en toile de fond les inquiétudes grandissantes sur la situation économique et sociale du pays, qui pourraient encore compliquer l’équation budgétaire. Affaire à suivre, donc, dans les prochaines semaines…