Dans le cadre des discussions sur le budget 2025, un nouveau rebondissement agite les couloirs du Parlement. Selon une source proche du dossier, le Sénat s’apprêterait à réduire considérablement l’effort financier demandé aux collectivités locales, le faisant passer de 5 à seulement 2 milliards d’euros. Une annonce qui pourrait bien compliquer les plans du gouvernement.
Un bras de fer en perspective
C’est Hervé Marseille, président du groupe centriste au Sénat, qui a lâché cette petite bombe dans les médias. « On a décidé de faire beaucoup moins », a-t-il affirmé sans détour, précisant que cette position serait votée par sa formation politique. Et il n’est pas le seul à défendre cette ligne : le président LR du Sénat, Gérard Larcher, s’est lui aussi dit favorable à une limitation de la contribution des collectivités à 2 milliards d’euros.
Face à cette fronde sénatoriale, le gouvernement va-t-il devoir revoir sa copie ? Rien n’est moins sûr. Hervé Marseille a d’ores et déjà prévenu : « Si le gouvernement persiste, il faudra qu’on discute pour la commission mixte paritaire, le moment venu, avec nos collègues de l’Assemblée nationale, parce que nous ne pouvons pas accepter une pression aussi forte ».
Le parcours semé d’embûches du budget
Pour rappel, après avoir été rejeté par l’Assemblée nationale, le budget de l’État doit maintenant être examiné au Sénat à partir du 25 novembre. En cas d’adoption, une commission mixte paritaire, composée à parts égales de députés et sénateurs, sera convoquée pour tenter de s’accorder sur une version commune du texte. Un texte qui devra encore être approuvé par les deux chambres in fine.
Autant dire que le chemin est encore long et parsemé d’obstacles avant que ce budget 2025 ne soit définitivement adopté. Et l’initiative des sénateurs centristes et LR pourrait bien ajouter un peu plus de piment aux débats.
Quel impact pour les collectivités ?
Si la position du Sénat venait à l’emporter, cela constituerait indéniablement un soulagement pour les finances des collectivités locales. Avec 3 milliards d’euros d’économies en moins à réaliser, elles pourraient souffler un peu et envisager plus sereinement leurs investissements futurs.
Mais attention, rien n’est encore joué. Le gouvernement pourrait en effet camper sur ses positions, obligeant députés et sénateurs à de nouvelles tractations en commission mixte paritaire. Les collectivités devront donc encore patienter avant de savoir précisément à quelle sauce elles seront mangées en 2025.
Une équation budgétaire complexe
Plus largement, cet épisode illustre toute la difficulté de boucler un budget de l’État en période de disette financière. Entre la nécessité de réduire les déficits publics et la volonté de ne pas trop pénaliser les acteurs locaux, l’équation est loin d’être simple à résoudre.
C’est un exercice d’équilibriste auquel doivent se livrer chaque année gouvernement et parlementaires. Un numéro de haute voltige budgétaire où chaque euro compte et peut faire basculer l’édifice.
– Un expert des finances publiques
Une chose est sûre : avec un déficit public attendu à 5% du PIB en 2025 et une dette qui frôle les 3 000 milliards d’euros, les arbitrages budgétaires s’annoncent douloureux dans les années à venir. Collectivités, ménages, entreprises… Tous vont devoir mettre la main à la poche. Reste à savoir dans quelles proportions et avec quelles contreparties.
Les semaines à venir s’annoncent donc cruciales et riches en rebondissements sur le front budgétaire. Avec, en point d’orgue, un débat parlementaire qui s’annonce d’ores et déjà électrique entre le Sénat et l’Assemblée nationale. Les collectivités locales, elles, retiennent leur souffle. 2 ou 5 milliards ? Pour elles, la facture est loin d’être anecdotique…