C’est dans un contexte géopolitique chargé que s’est déroulée une rencontre de haut niveau ce vendredi. Selon des sources proches du dossier, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte a eu un entretien avec le tout nouveau président élu des États-Unis Donald Trump, à peine deux jours après sa victoire surprise aux élections présidentielles américaines.
Des discussions sur l’échiquier sécuritaire mondial
Cette rencontre, qui s’est tenue à Palm Beach en Floride, a été l’occasion pour les deux dirigeants d’aborder les principaux défis auxquels l’Alliance Atlantique doit faire face. Au cœur des échanges : la menace grandissante que représente le rapprochement entre la Russie et la Corée du Nord, deux puissances nucléaires aux ambitions parfois imprévisibles.
Mark Rutte n’a d’ailleurs pas manqué de souligner l’urgence de la situation dès le lendemain de l’élection de Donald Trump. « J’ai hâte de m’asseoir avec le président Trump et de voir comment nous allons collectivement nous assurer que nous faisons face à cette menace », avait-il déclaré depuis un sommet européen à Budapest.
La Corée du Nord, une épée de Damoclès pour les États-Unis
Pyongyang apparaît en effet comme le principal sujet d’inquiétude. Le régime nord-coréen bénéficie du soutien financier et technologique de Moscou pour développer son programme de missiles balistiques. Une menace directe pour le territoire américain, comme l’a rappelé Mark Rutte le 12 novembre dernier à Paris.
« Ces missiles posent une menace directe pour le territoire américain. C’est très inquiétant. »
Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN
Outre la Corée du Nord, l’Iran et la Chine sont pointés du doigt pour leur coopération avec la Russie. Un axe qui menacerait non seulement l’Europe, mais aussi la stabilité dans la région indo-pacifique et en Amérique du Nord selon le patron de l’OTAN.
Les Européens inquiets des promesses de Donald Trump
Du côté des alliés européens, c’est la position de Donald Trump sur le conflit ukrainien qui suscite l’appréhension. Le milliardaire américain a en effet promis de mettre fin à la guerre en 24 heures, en trouvant un accord qui pourrait aller à l’encontre des intérêts de Kiev. Une perspective qui alarme des Européens craignant d’être mis à l’écart des négociations.
Pour l’heure, les détails des discussions entre Mark Rutte et Donald Trump n’ont pas été divulgués. Mais cette rencontre confirme l’importance que l’Alliance accorde à la position américaine sur l’échiquier géostratégique mondial. Le soutien de Washington apparaît plus que jamais vital face aux turbulences à l’œuvre.
Vers un renforcement des liens transatlantiques ?
Malgré les inquiétudes, certains analystes veulent voir dans cette rencontre précoce le signe d’une volonté partagée de renforcer les liens transatlantiques. L’OTAN, en dépit des critiques régulières de Donald Trump pendant sa campagne, resterait un pilier de la diplomatie américaine.
Mark Rutte l’a d’ailleurs habilement souligné dans un tweet, saluant « une discussion très productive sur le rôle crucial de l’OTAN » et se disant « impatient de poursuivre notre étroite coopération ». Un message apaisant envoyé aux Européens, qui craignent un désengagement américain sur le Vieux Continent.
Les défis à venir pour l’Europe de la défense
Car au-delà de l’OTAN, c’est toute l’architecture sécuritaire européenne qui pourrait être chamboulée par l’élection de Donald Trump. Le projet d’une Europe de la défense plus intégrée et autonome, cher au président français Emmanuel Macron, semble aujourd’hui compromis.
Lancée dans un contexte de tensions avec l’administration Trump, l’Initiative européenne d’intervention (IEI) voulue par Paris apparaît désormais en porte-à-faux avec le réchauffement espéré des relations transatlantiques. Un dossier que les Européens devront trancher, tiraillés entre leur volonté d’émancipation et leur dépendance historique envers Washington.
À l’aube de ce nouveau mandat, Mark Rutte semble en tout cas avoir réussi son premier grand oral face à Donald Trump. Mais les défis géopolitiques et diplomatiques qui attendent l’Alliance Atlantique sont immenses. L’Europe parviendra-t-elle à parler d’une seule voix et à peser dans le nouvel équilibre mondial ? La réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour la sécurité collective du continent.