C’est une tragédie sanitaire qui secoue le Pakistan depuis 2019. Des milliers d’enfants, dont certains âgés de moins de 5 ans, ont été mystérieusement contaminés par le VIH dans la petite ville de Ratodero, fief de la puissante dynastie politique des Bhutto. Les parents, eux, ne sont pas séropositifs. Comment expliquer une telle épidémie chez les plus jeunes ?
L’origine du mal, un véritable casse-tête
Tout commence quand le Dr Imran Arbani, urologue local, examine des enfants présentant des symptômes évocateurs du sida. Les tests confirment ses craintes : le VIH a contaminé plusieurs bambins sans que leurs parents ne soient porteurs du virus. Un vrai mystère médical.
Gulbahar Shaik, journaliste pour la télévision locale, se retrouve directement touché par le drame. Sa fille de 4 ans, Redal Batool, est diagnostiquée séropositive suite aux révélations du Dr Arbani. “Que va-t-elle devenir ?”, se lamente ce père anéanti. Car au Pakistan, les séropositifs sont lourdement stigmatisés.
Les médicaments semblent agir, mais son avenir est fortement compromis. Stigmatisée, elle ne pourra ni aller à l’école ni trouver un mari.
– Gulbahar Shaik, père de Redal Batool
Une région particulièrement exposée
Ratodero n’est pas une ville comme les autres. Située dans la province du Sind, c’est le fief de la famille Bhutto, véritable dynastie qui règne sur la vie politique pakistanaise. Un lieu symbolique donc, mais aussi une région pauvre où le système de santé est défaillant, propice à la propagation de virus.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette contamination de masse :
- La réutilisation de seringues et matériel médical
- Des conditions d’hygiène déplorables
- Le manque de dépistage et de prévention
- La méconnaissance des modes de transmission du VIH
Le plus grand scandale sanitaire du Pakistan moderne
En quelques mois, l’épidémie prend une ampleur inédite. Des milliers d’enfants sont testés positifs au VIH, faisant de Ratodero l’épicentre d’une crise sanitaire majeure. Les autorités, d’abord silencieuses, finissent par réagir sous la pression médiatique et populaire.
Une enquête est ouverte pour déterminer les causes de ce drame et trouver des responsables. Mais dans un pays miné par la corruption et les conflits politiques, la tâche s’annonce ardue. Beaucoup craignent une minimisation volontaire de l’affaire.
Quand la maladie condamne à l’exclusion sociale
Au-delà de l’urgence médicale, c’est un véritable drame social qui se joue. Au Pakistan, les personnes atteintes du VIH subissent une forte stigmatisation. Rejetés, mis au ban de la société, leur avenir est souvent compromis, notamment pour les plus jeunes.
Scolarité interrompue, perspectives de mariage réduites à néant, les enfants séropositifs de Ratodero risquent de payer le prix fort de cette contamination mystérieuse. Un constat amer pour leurs proches, comme Gulbahar Shaik, qui voient leurs rêves d’avenir partir en fumée.
C’est une génération sacrifiée, condamnée à la souffrance et à l’exclusion. Nous devons tout faire pour les aider et combattre les préjugés.
– Un responsable associatif local
Le scandale du sida pédiatrique de Ratodero restera comme l’une des pages les plus sombres de l’histoire sanitaire du Pakistan. Il met en lumière les failles béantes d’un système de santé à bout de souffle, incapable de protéger les plus vulnérables. Les enfants contaminés, eux, devront apprendre à vivre avec ce fardeau, dans une société qui peine encore à accepter la différence.