Le gaspillage alimentaire est devenu l’un des plus grands défis de notre époque. Chaque année, un tiers de la nourriture produite dans le monde finit à la poubelle, soit 1,3 milliard de tonnes d’aliments perdus ou gaspillés. Un véritable scandale quand on sait que près de 800 millions de personnes souffrent encore de la faim. Ce phénomène a des conséquences désastreuses sur l’environnement, l’économie et la société. Mais face à l’ampleur du problème, des initiatives se multiplient pour tenter d’endiguer ce fléau. Tour d’horizon d’un enjeu crucial et des solutions pour y remédier.
Un gâchis alimentaire aux multiples facettes
Le gaspillage alimentaire intervient à tous les stades de la chaîne, de la production à la consommation. Dans les pays en développement, les pertes ont principalement lieu en amont, lors des étapes de récolte, de stockage et de transport, en raison d’infrastructures défaillantes. Dans les pays développés en revanche, le gaspillage se concentre en aval, au niveau de la distribution et des consommateurs.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les ménages sont responsables de 53% du gaspillage alimentaire dans les pays riches. Chaque Français jetterait ainsi en moyenne 29 kg de nourriture par an, dont 7 kg d’aliments encore emballés. Un gâchis qui s’explique par plusieurs facteurs :
- La confusion autour des dates de péremption
- Les offres promotionnelles incitant à l’achat excessif
- Le manque de sensibilisation sur la valeur de la nourriture
- Une mauvaise gestion des stocks et des restes
Un impact écologique et économique majeur
Au-delà d’un non-sens éthique dans un contexte de précarité alimentaire, le gaspillage a des répercussions écologiques considérables. L’empreinte carbone de la nourriture produite et non consommée est estimée à 3,3 gigatonnes de CO2, faisant du gaspillage alimentaire le 3ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre après les États-Unis et la Chine.
Les ressources mobilisées pour produire ces aliments sont également gaspillées en pure perte. Selon la FAO, cela représente chaque année un gâchis de :
- 250 km3 d’eau, soit 3 fois le lac Léman
- 1,4 milliard d’hectares de terres, soit 28% des surfaces agricoles mondiales
- 750 milliards de dollars, l’équivalent du PIB de la Suisse
Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le 3ème émetteur de gaz à effet de serre après la Chine et les États-Unis.
Rapport de la FAO
Des initiatives anti-gaspi qui se multiplient
Face à l’urgence d’agir, les initiatives anti-gaspillage fleurissent aux quatre coins du globe. En 2015, les Nations Unies ont fait de la lutte contre le gaspillage une priorité en l’intégrant dans les Objectifs de Développement Durable. L’ambition est de réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial d’ici 2030.
En France, une loi votée en 2016 interdit aux grandes surfaces de plus de 400 m2 de jeter la nourriture invendue et les oblige à la donner à des associations caritatives. Cette mesure a permis de sauver près de 46 000 tonnes de produits en 2019, redistribués à 1,4 million de bénéficiaires selon l’Ademe.
Les entreprises et startups s’emparent également du sujet avec des concepts novateurs :
- Too Good To Go, une app qui permet d’acheter les invendus des commerçants à petit prix
- Zéro-Gâchis, une enseigne proposant des produits déclassés ou proche de la date limite
- Phénix, une start-up qui accompagne les professionnels dans la valorisation de leurs déchets
Les bons gestes à adopter au quotidien
Si les pouvoirs publics et les acteurs économiques ont un rôle central à jouer, la lutte contre le gaspillage passe aussi par un changement des comportements individuels. Voici quelques habitudes simples à prendre pour réduire son gaspillage alimentaire :
- Préparer une liste de courses pour n’acheter que le nécessaire et résister aux tentations
- Bien ranger son frigo pour optimiser la conservation et consommer en priorité les produits entamés ou proche de la date limite
- Accommoder les restes et faire preuve de créativité pour leur donner une seconde vie gustative
- Congeler les surplus pour les ressortir plus tard et prolonger leur durée de vie
- Composter les déchets organiques inévitables pour les valoriser sous forme d’engrais naturel
En adoptant ces éco-gestes, chacun peut contribuer à son niveau à réduire le gâchis. Car au-delà des enjeux éthiques, écologiques et économiques, lutter contre le gaspillage alimentaire est aussi bon pour le porte-monnaie. Une famille de 4 personnes pourrait économiser 400€ par an en réduisant ses déchets selon l’Ademe.
Le chemin est encore long pour venir à bout de ce fléau, mais une prise de conscience est en marche. Gouvernements, entreprises, associations, citoyens… C’est en unissant les forces à tous les maillons de la chaîne que nous pourrons construire un modèle alimentaire plus durable et solidaire. Parce que chaque bouchée compte, engageons-nous dès maintenant contre le gaspillage alimentaire !