Saviez-vous que le fameux “millefeuille administratif” français nous coûte la bagatelle de 7,5 milliards d’euros chaque année ? C’est la révélation choc d’un rapport explosif remis ce mercredi au gouvernement. Un pavé dans la mare qui tombe à pic, alors que l’exécutif s’échine à traquer les économies pour contenir le déficit.
Le rapport Ravignon épingle le coût faramineux des doublons
Commandé fin 2023 au maire de Charleville-Mézières Boris Ravignon, ce document inédit passe au crible le gaspillage induit par les compétences partagées entre l’État et les différents échelons territoriaux. Verdict sans appel : communes, intercommunalités, départements, régions… L’empilement des strates administratives et la duplication des services font flamber la facture, au grand dam du contribuable.
D’après les calculs du rapport Ravignon, ce sont les collectivités locales qui trinquent le plus, avec 6 milliards d’euros partis en fumée. À elle seule, la coordination des politiques publiques exercées conjointement par différentes administrations engloutit 85% de la somme. Parmi les domaines les plus dispendieux, on trouve pêle-mêle l’enseignement (1,2 milliard), l’urbanisme (819,5 millions) ou encore la voirie (566 millions).
Une facture salée aussi pour l’État
Bercy n’est pas en reste, avec 1,5 milliard d’euros partis en cavalerie administrative. Et encore, les opérateurs de l’État comme Pôle emploi ou l’Anah n’ont pas été inclus dans l’addition… Autant dire que l’estimation de 7,5 milliards avancée par le rapport est sans doute très en-deçà de la réalité.
Pas question de supprimer une strate !
Pour autant, le rapport Ravignon met en garde : inutile de rêver d’une suppression pure et simple d’un échelon. “La France n’a pas une catégorie de collectivités à supprimer, une strate d’élus à liquider pour que tout s’arrange”, tranche Boris Ravignon. Exit, donc, le fantasme de la disparition des départements…
Cap sur la simplification et la décentralisation
Alors, quelles solutions pour dégonfler la note ? Le rapport esquisse plusieurs pistes, à commencer par un vaste chantier de simplification des normes. Boris Ravignon plaide aussi pour rendre la commande publique “plus efficace” et alléger la gestion des ressources humaines dans les collectivités.
Mais le nerf de la guerre, c’est surtout un nouveau pan de décentralisation. “Le souhait le plus vif de la mission, c’est que la réflexion se poursuive, pour examiner toutes les responsabilités que notre État, enfin recentré et stratège, pourrait déléguer en confiance aux collectivités françaises”, appuie le rapport.
Le gouvernement prêt à trancher dans le millefeuille ?
Côté gouvernement, on promet que le document va “nourrir la concertation à venir avec les associations d’élus”. Alors, l’exécutif osera-t-il dégainer les ciseaux pour tailler dans le millefeuille territorial ? Réponse dans les prochains mois, avec les arbitrages très attendus d’Emmanuel Macron sur le nouveau volet de décentralisation. Une réforme explosive, à haut risque politique…
Le millefeuille administratif à la française n’a pas fini de nous donner des indigestions budgétaires. Mais le remède miracle n’existe pas. Il va falloir procéder avec méthode, couche par couche, pour dégraisser cette monstruosité bureaucratique.
Pierre-Emmanuel Martin, politologue