C’est une enquête journalistique qui fait froid dans le dos. Le projet “Lost in Europe”, mené par une vingtaine de journalistes d’investigation de différents pays européens, révèle qu’au moins 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe entre 2021 et 2023. Un chiffre vraisemblablement sous-estimé, car de nombreux États n’ont pas fourni de données complètes. Cette investigation d’ampleur, récompensée par le prestigieux prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme, met en lumière un drame humanitaire passé sous silence.
Des milliers d’enfants vulnérables volatilisés
Selon les révélations de “Lost in Europe”, publiées le 30 avril 2024, ces mineurs isolés se sont comme évaporés une fois arrivés sur le sol européen. Sur les 27 pays de l’UE plus 4 autres nations sollicités, seuls 20 ont daigné répondre et à peine 13 ont partagé des chiffres. Des États majeurs comme l’Espagne et la France sont restés murés dans le silence. Un manque de transparence inquiétant sur le sort de ces jeunes extrêmement vulnérables.
Les États membres de l’Union européenne sont responsables de ces enfants.
Geesje van Haren, journaliste de “Lost in Europe”
Craintes d’exploitation par des réseaux criminels
Livrés à eux-mêmes, sans protection, certains de ces mineurs ont pu tomber aux mains de trafiquants d’êtres humains sans scrupules. Forcés de mendier, de se prostituer, réduits en esclavage… Les pires scénarios sont à redouter pour ces enfants disparus des radars. Un terrible gâchis humain sur lequel les autorités européennes doivent impérativement faire la lumière.
Un prix pour saluer un journalisme courageux
En décernant son prix à “Lost in Europe”, le Parlement européen rend hommage au travail essentiel des journalistes d’investigation. Dotée de 20 000 euros, cette récompense célèbre un «journalisme d’excellence promouvant les valeurs de l’UE» telles que la liberté et les droits humains. Une manière de souligner l’importance d’une presse indépendante et courageuse pour faire éclater la vérité, même dérangeante.
Avec ce prix, nous sommes encore plus motivés pour continuer à enquêter sur le sort et l’exploitation de milliers d’enfants migrants disparus en Europe.
Geesje van Haren, au nom de l’équipe “Lost in Europe”
L’humanité et la dignité en jeu
Au-delà des chiffres, ce sont des destins brisés, des vies sacrifiées sur l’autel de l’indifférence. L’Europe, qui se veut un phare des droits humains, ne peut continuer à fermer les yeux sur le calvaire de ces mineurs livrés aux pires périls. Leur protection est un devoir moral et légal qui engage la responsabilité de tous les États. Face à l’ampleur du drame révélé par cette enquête, l’heure n’est plus à l’inaction mais à une mobilisation d’urgence. Car c’est notre humanité collective qui est en jeu.
Les journalistes de “Lost in Europe” sont déterminés à poursuivre leur combat pour que la lumière soit faite. Leur travail remarquable est un signal d’alarme qu’aucun dirigeant européen ne peut ignorer. Il est temps de retrouver ces milliers d’enfants disparus, de leur tendre la main et de leur offrir la protection qu’ils méritent. Une exigence de dignité qui honorerait les valeurs fondatrices de l’Europe.