Les relations entre la France et le Royaume-Uni pourraient connaître quelques turbulences dans les mois à venir. En effet, une récente annonce du gouvernement britannique risque de compliquer les voyages outre-Manche pour les ressortissants français. Dès le 5 avril 2025, ces derniers devront s’acquitter de frais plus élevés pour obtenir l’autorisation électronique de voyage (ETA) nécessaire pour fouler le sol anglais.
Une Taxe Qui Passe Mal
Depuis le Brexit, les formalités pour se rendre au Royaume-Uni se sont complexifiées. L’ETA, sorte d’ESTA britannique, est devenue obligatoire pour les citoyens de l’Union Européenne souhaitant traverser la Manche. Jusqu’à présent, son coût était fixé à 10 livres sterling, soit environ 12 euros. Mais selon un projet de loi présenté mi-janvier, le montant pourrait grimper à 16 livres, une hausse de près de 60%.
Le gouvernement de Rishi Sunak justifie cette mesure par la nécessité de renforcer la sécurité aux frontières et de renflouer les caisses de l’État. Mais du côté des professionnels du tourisme, c’est l’incompréhension qui domine. Beaucoup craignent un impact négatif sur la fréquentation, déjà en baisse depuis la sortie de l’UE.
La France, Premier Marché Émetteur
Cette décision pourrait tout particulièrement affecter les flux touristiques en provenance de l’Hexagone. La France est en effet le premier marché émetteur pour le Royaume-Uni, avec plus de 3,6 millions de visiteurs en 2023. Des city breaks à Londres aux road trips en Écosse en passant par les séjours linguistiques, les destinations britanniques ont la cote auprès des Français.
Mais cette nouvelle taxe, combinée à la baisse du pouvoir d’achat et à l’inflation, risque de refroidir certaines ardeurs. D’autant que de nombreux pays européens, comme l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, se montrent particulièrement attractifs avec des prix compétitifs et un ensoleillement généreux.
Le Royaume-Uni Peut-il se Permettre ce Pari ?
Depuis le référendum de 2016, le tourisme peine à retrouver son niveau d’avant. En 2023, le Royaume-Uni a accueilli 38 millions de visiteurs étrangers, contre 40,9 millions en 2019. Si les projecteurs seront braqués sur le couronnement de Charles III en mai prochain, beaucoup d’observateurs s’inquiètent pour l’avenir du secteur.
Le gouvernement continue de considérer les touristes comme une simple vache à lait !
Richard Toomer, Tourism Alliance
Face aux critiques, certains membres du gouvernement temporisent et laissent entendre que le montant de l’ETA pourrait être revu à la baisse. Les arbitrages seront rendus en mars prochain, un mois avant l’entrée en vigueur du dispositif pour les Européens. D’ici là, les tour-opérateurs retiennent leur souffle, espérant que le Royaume-Uni ne se tire pas une balle dans le pied.
Des Alternatives Pour Voyager Outre-Manche
Mais que les francophones se rassurent, il existe de nombreuses façons de découvrir la culture britannique sans se ruiner. Les plus sportifs pourront traverser la Manche à la nage, comme l’ont fait 1 881 audacieux en 2022. Les amateurs de sensations fortes, eux, tenteront la traversée en wingsuit. Quant aux adeptes de slow travel, ils pourront toujours rejoindre les côtes anglaises à bord d’un voilier, sur les traces des grands explorateurs.
Plus sérieusement, cette polémique autour des frais de voyage met en lumière les conséquences concrètes du Brexit sur la mobilité entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. Nul doute que la question sera au cœur des débats lors des prochains comités de liaison franco-britanniques. En attendant, les Français devront mettre la main au portefeuille s’ils veulent continuer à profiter des charmes de la perfide Albion…