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Le Royaume-Uni pourrait interdire la chasse au leurre

Le Royaume-Uni s'apprête à interdire la chasse au leurre, soupçonnée de masquer des chasses à courre illégales. Les chasseurs dénoncent une attaque contre leurs traditions, tandis que les défenseurs des animaux se réjouissent. Mais cette pratique est-elle vraiment un leurre ?

C’est un coup dur qui se profile pour les chasseurs britanniques. Le gouvernement travailliste a annoncé son intention d’interdire la chasse au leurre, une pratique très populaire outre-Manche. Mais derrière ce nom anodin se cacherait en réalité une manœuvre pour contourner l’interdiction de la chasse à courre, en vigueur depuis 2004 en Angleterre et au Pays de Galles. De quoi raviver les tensions entre pro et anti-chasse.

La chasse au leurre, une couverture pour la chasse à courre ?

Officiellement, la chasse au leurre consiste à faire suivre une piste olfactive artificielle à une meute de chiens, sans mise à mort d’un animal. Apparue après l’interdiction de la chasse à courre en 2004, elle permet aux équipages de vénerie de continuer à pratiquer leur loisir. Mais pour les associations de protection des animaux, il s’agit d’une « fumée de couverture » pour organiser de véritables chasses.

La chasse au leurre, qui est utilisée comme un écran de fumée pour tuer cruellement des renards et des lièvres

Un porte-parole du ministère de l’Environnement britannique

Selon la Ligue contre les sports cruels, pas moins de 186 renards auraient été poursuivis par des chasseurs et 220 cas de chasse illégale auraient été recensés depuis août dernier. D’où la volonté du gouvernement d’interdire purement et simplement le trail hunting.

Le monde rural se sent attaqué

Sans surprise, cette annonce passe mal auprès du lobby de la chasse. La Countryside Alliance, qui représente les intérêts des chasseurs, juge « extraordinaire » que le gouvernement se focalise sur ce sujet, alors que ses relations avec le monde rural sont déjà tendues. Elle fait notamment référence à la nouvelle taxe sur les successions agricoles, très mal accueillie par les agriculteurs.

Plus largement, les pro-chasse estiment que leurs traditions sont menacées par des citadins et des écologistes déconnectés des réalités rurales. Un clivage ancien, que l’interdiction de 2004 n’a fait que renforcer.

Vers une nouvelle bataille judiciaire ?

Les associations de défense des animaux, elles, applaudissent la décision du gouvernement. Mais elles demandent des sanctions plus sévères, notamment des peines de prison, pour faire respecter l’interdiction.

Reste à savoir si cette mesure sera réellement adoptée et appliquée. La précédente loi de 2004 avait donné lieu à une longue bataille juridique, les pro-chasse dénonçant une atteinte à leurs libertés. Certains n’excluent pas de nouveaux recours en justice pour tenter de faire barrage au projet du gouvernement.

Une tradition enracinée malgré les controverses

Car malgré son interdiction, la vénerie reste une pratique bien vivace au Royaume-Uni. Loin des clichés d’une chasse réservée à l’aristocratie, elle attire un public varié, notamment beaucoup de jeunes passionnés. Les équipages perpétuent un cérémonial et un folklore bien ancrés, comme lors de la Saint-Hubert qui rassemble de nombreux chasseurs.

Autant de traditions que les hunters n’entendent pas voir disparaître. Pour eux, la chasse à courre ou au leurre n’est pas qu’un loisir, mais un véritable mode de vie et un pan de l’identité rurale britannique. Un héritage menacé par ses détracteurs, qu’ils accusent d’« urbaniser » les campagnes.

Encadrer plutôt qu’interdire ?

Certaines voix appellent toutefois à dépasser l’opposition frontale entre pro et anti-chasse. Plutôt que d’interdire totalement la chasse au leurre, elles plaident pour un meilleur encadrement de cette pratique. L’objectif serait de s’assurer qu’elle ne serve pas à contourner la loi, tout en permettant aux veneurs de maintenir leur passion.

Il faut trouver un équilibre entre le respect du bien-être animal et la préservation d’une certaine ruralité. L’interdiction n’est pas toujours la solution.

Un membre du parti conservateur souhaitant rester anonyme

Mais pour l’heure, le gouvernement semble déterminé à aller jusqu’au bout. Les tensions entre chasseurs et militants de la cause animale risquent donc de s’exacerber dans les prochains mois. Au cœur de ce débat passionné: la place des traditions rurales dans une société de plus en plus urbaine et soucieuse de la condition animale. Un équilibre délicat à trouver pour le Royaume-Uni.

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