Face à la recrudescence des traversées illégales de la Manche par des migrants, le gouvernement britannique a décidé de passer à l’offensive. Londres vient d’annoncer la création prochaine d’un régime de sanctions spécifiquement destiné à cibler les réseaux de passeurs, une première au niveau mondial selon le ministère des Affaires étrangères. Cette nouvelle arme dans l’arsenal anti-immigration clandestine vise à « prévenir, combattre et dissuader » les filières qui organisent ces périlleux passages maritimes vers le Royaume-Uni.
Un trafic en plein essor malgré les risques
Malgré les efforts des autorités, le trafic de migrants par la Manche ne cesse de croître. En 2024, pas moins de 36 816 personnes sont parvenues à rejoindre illégalement les côtes anglaises à bord d’embarcations de fortune, soit une hausse de 25% par rapport à l’année précédente. Un triste record, qui s’accompagne hélas d’un lourd tribut humain. L’an passé, au moins 76 candidats à l’exil ont perdu la vie en tentant la traversée, victimes de la cupidité et de l’inconscience des passeurs.
Des profits juteux sur le dos de personnes vulnérables
Attirés par les importants bénéfices financiers générés par ce trafic, les réseaux criminels n’hésitent pas à exploiter la détresse de populations fragiles, prêtes à tout risquer dans l’espoir d’un avenir meilleur outre-Manche. D’après une source proche du dossier, certaines filières peuvent engranger jusqu’à plusieurs millions d’euros par an en organisant ces traversées à haut risque. Un business particulièrement lucratif qui se fait au mépris total de la vie humaine.
Nous devons traiter ces réseaux de passeurs comme de véritables organisations terroristes. Ils mettent en danger la vie de personnes vulnérables et portent atteinte à notre sécurité nationale.
Keir Starmer, Premier ministre britannique
Un nouveau régime de sanctions pour asphyxier les filières
Pour tenter d’enrayer cette spirale mortifère, le gouvernement de Keir Starmer mise sur une approche inédite et des sanctions ciblées. Dès cette année, le nouveau régime permettra au Royaume-Uni de geler les avoirs des individus et entités impliqués dans l’organisation de ces traversées illégales. Les passeurs se verront également interdire l’accès au territoire britannique. L’objectif est clair : couper les vivres à ces réseaux en les frappant directement au portefeuille.
- Gel des avoirs des passeurs et de leurs complices
- Restrictions financières pour asphyxier les filières
- Interdiction d’entrer sur le sol britannique
Une coopération renforcée avec les partenaires européens
Pour optimiser l’efficacité de ce nouveau dispositif, Londres mise également sur un renforcement de la coopération transnationale, notamment avec la France. Le sujet devrait figurer au menu des échanges entre Keir Starmer et Emmanuel Macron prévus aujourd’hui dans la résidence de Chequers. Les deux dirigeants souhaitent intensifier la coordination des efforts pour démanteler ces réseaux criminels qui opèrent des deux côtés de la Manche.
Malgré quelques frictions ponctuelles, Paris et Londres collaborent déjà étroitement dans la lutte contre les filières de passeurs. La mise en place de ce nouveau régime de sanctions devrait permettre de franchir un cap supplémentaire et de porter un coup sévère à ces trafiquants. Reste à voir si cette approche « audacieuse et innovante », pour reprendre les mots du chef du gouvernement britannique, portera ses fruits et contribuera à endiguer durablement ces flux migratoires illégaux.