C’est un coup dur pour la devise russe. Le rouble a dévissé vendredi, atteignant son plus bas niveau par rapport au dollar depuis le 24 mars 2022, selon les données officielles de la Banque centrale de Russie. Un euro s’échangeait quant à lui contre 107,43 roubles. Cette chute brutale intervient dans un contexte géopolitique très tendu, entre tirs de missiles russes contre l’Ukraine et nouvelles sanctions américaines.
La Russie met en garde l’Occident
La dégringolade du rouble survient au lendemain d’un tir russe de missile hypersonique de nouvelle génération contre l’Ukraine. Suite à cela, le président Vladimir Poutine a prévenu les pays occidentaux que la Russie était “prête à tous les scénarios” dans ce conflit qui a pris un “caractère mondial”. Une mise en garde on ne peut plus claire dans un contexte international explosif.
Washington cible les banques russes
En réponse, les États-Unis ont annoncé une nouvelle salve de sanctions visant le secteur bancaire russe. Une cinquantaine de banques sont dans le viseur, dont Gazprombank, le bras financier du géant étatique du gaz Gazprom, utilisé notamment pour les paiements énergétiques avec les clients étrangers. Ces restrictions visent à compliquer les transactions des banques russes liées de près ou de loin au système financier américain.
Il existe un risque important que l’affaiblissement du rouble se poursuive.
Evguéni Kogan, professeur à la Haute école d’économie de Moscou
La Russie cherche des alternatives
Face à ces sanctions, la Russie va devoir mettre en place de nouvelles chaînes de paiements internationaux pour contourner les restrictions. Un processus qui prendra du temps et qui pourrait, d’ici là, faire encore reculer le rouble, comme le souligne Evguéni Kogan. Moscou mise notamment sur une réorientation de ses exportations d’hydrocarbures vers le marché asiatique.
L’incertitude Trump
Autre élément d’incertitude pour le rouble : le retour de Donald Trump à la Maison Blanche dans quelques semaines. Difficile pour l’instant de prévoir quelle sera la politique du président américain vis-à-vis de la Russie. Des interrogations qui pèsent aussi sur le cours de la devise russe.
Cette chute du rouble n’est pas sans rappeler le début de l’offensive russe en Ukraine début 2022. La devise avait alors chuté à un plus bas historique, avant de se redresser progressivement. Mais cette fois-ci, entre tensions géopolitiques exacerbées et nouvelles sanctions, le rebond pourrait être plus long et plus compliqué. L’économie russe va devoir s’adapter à marche forcée si elle veut éviter une crise monétaire majeure.