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Le Roi Charles III Interpellé sur l’Héritage Colonial en Australie

Lors de sa visite en Australie, le Roi Charles III a été interpellé sur le lourd passé colonial britannique, malgré son appel à l'action face au changement climatique. Cette confrontation soulève des questions sur l'avenir de la monarchie dans le pays.

La visite du Roi Charles III en Australie, pays dont il est le chef d’État, a pris une tournure inattendue lorsqu’une sénatrice aborigène l’a interpellé sur l’héritage douloureux de la colonisation britannique. Cet incident est survenu juste après que le monarque ait appelé à une mobilisation mondiale contre le changement climatique devant le Parlement australien à Canberra.

Actuellement en tournée de neuf jours en Australie et à Samoa, le souverain âgé de 75 ans, qui a récemment révélé suivre un traitement contre un cancer, a profité de son discours pour souligner l’urgence de la crise climatique. Il a exhorté l’Australie, pays fortement dépendant de ses industries minières, à assumer un rôle de leader dans la protection de l’environnement et de la biodiversité.

Une interpellation choc sur le passé colonial

Mais c’est l’intervention de la sénatrice indépendante Lidia Thorpe qui a marqué les esprits. Vêtue d’une cape en fourrure, elle a crié des slogans anti-coloniaux pendant près d’une minute, demandant au Roi de « rendre les terres » et de restituer ce qui a été « volé » aux peuples indigènes. Elle a dénoncé ce qu’elle considère comme un génocide des aborigènes durant la colonisation européenne de l’Australie.

Ce pays a en effet été une colonie britannique pendant plus d’un siècle, une période durant laquelle des milliers d’aborigènes ont été tués et des communautés entières déplacées. Bien qu’ayant acquis une indépendance de fait en 1901, l’Australie n’est jamais devenue une république à part entière, et le Roi Charles III en reste le chef d’État.

L’ombre du passé sur une tournée royale

Cette confrontation inattendue a quelque peu éclipsé les autres moments forts de la visite royale. Le Roi a notamment rendu hommage aux victimes australiennes des guerres en déposant une gerbe au Mémorial australien de la guerre. Il a également prévu de se rendre dans un laboratoire étudiant les feux de brousse, un fléau récurrent en Australie, ainsi qu’au jardin botanique national pour y admirer la flore endémique menacée par le réchauffement climatique.

Si certains Australiens se sont déplacés pour apercevoir le Roi, à l’image de Chloe Pailthorpe et ses enfants, fervents admirateurs de la famille royale, l’engouement est loin d’égaler celui suscité par la Reine Elizabeth II lors de ses visites. Plusieurs Premiers ministres d’États australiens étaient même absents de la réception organisée au Parlement en l’honneur du souverain, un signe que la monarchie britannique n’a plus l’influence qu’elle avait jadis dans le pays.

La monarchie face à son avenir en Australie

Autrefois, les visites royales en Australie s’étalaient sur plusieurs semaines et attiraient des foules immenses venues acclamer leur souverain. Mais cette fois-ci, le programme a été réduit en raison de la santé fragile du Roi, et peu d’événements publics de grande ampleur sont prévus, à l’exception d’un barbecue géant et d’une soirée à l’opéra de Sydney.

Cette tournée plus discrète, ainsi que l’incident au Parlement, illustrent les défis auxquels la monarchie doit faire face en Australie. Bien que les Australiens restent plutôt favorables à la couronne, le sentiment républicain gagne du terrain, alimenté notamment par les questions sur la pertinence d’avoir un chef d’État basé à l’autre bout du monde et sur l’héritage douloureux de la colonisation.

Le Roi Charles III devra donc naviguer avec habileté entre son rôle de chef d’État, son engagement pour l’environnement et les attentes d’une société australienne en pleine évolution, afin d’assurer l’avenir de la monarchie dans ce pays du Commonwealth. Son interpellation par la sénatrice aborigène rappelle que les blessures du passé colonial sont encore vives et que la réconciliation avec les peuples indigènes reste un enjeu majeur pour l’Australie du 21ème siècle.

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