Après une décennie à régner sur les sommets du VTT, la légende française du cyclisme Pauline Ferrand-Prévot effectue un retour inattendu sur la route. Mais pour celle qui a tout gagné en cross-country, olympique à Tokyo en 2021, ce come-back s’annonce comme un immense défi. Car en dix ans, le cyclisme féminin a connu une métamorphose spectaculaire.
« Je ne pensais pas que le niveau était aussi haut »
Habituée à dominer la concurrence en VTT, Pauline Ferrand-Prévot a été soufflée dès ses premiers coups de pédale avec ses nouvelles coéquipières sur la route. « Quand je suis arrivée au stage en décembre, l’entraîneur m’a dit : tu as l’air surprise », confie la multiple championne du monde à l’AFP. « Je ne pensais pas que le niveau était aussi haut. Avant c’était beaucoup plus hétérogène. »
La Rémoise de 30 ans réalise à quel point son sport a évolué, sur tous les plans. « La nutrition a beaucoup changé et tient un rôle essentiel dans la performance. Les tactiques d’équipe sont devenues cruciales. C’est vraiment devenu un sport d’équipe », analyse-t-elle. Un fonctionnement collectif auquel la solitaire du VTT va devoir s’adapter.
Le cyclisme féminin, « en pleine révolution »
Au-delà du niveau de ses adversaires, c’est toute la dynamique autour du cyclisme féminin qui a impressionné Pauline Ferrand-Prévot. « Il est en train d’évoluer comme il n’évoluera peut-être plus jamais », s’enthousiasme celle qui rêvait petite de disputer le Tour de France, une course réservée aux hommes. Un rêve devenu réalité pour la nouvelle génération avec la création du Tour de France Femmes l’an dernier.
« Gagner le Tour de France, ce serait au-dessus des Jeux »
Et justement, remporter la Grande Boucle est l’objectif suprême pour « PFP » dans les trois ans à venir. « C’est mon rêve. Avoir gagné les Jeux à la maison a été incroyable. Gagner le Tour de France serait, je pense, une sensation encore au-dessus », confie la native de Reims, qui reste prudente sur ses chances. « Ça ne va pas venir tout de suite. Je ne sais pas du tout quel est mon niveau par rapport aux meilleures. »
Le défi de « l’explosivité »
Malgré son immense palmarès, la championne olympique sait qu’elle va devoir réapprendre la route et combler certaines lacunes, à commencer par « l’explosivité« . « Pour gagner aujourd’hui, il faut faire son meilleur effort sur 5 minutes en fin de course. Ça va être le but : être encore super fraîche au bout de 3h30 de course pour pouvoir attaquer », anticipe-t-elle. Sans oublier les à-côtés, comme l’alimentation en course. « En VTT, ce n’est pas forcément nécessaire. Mais quand on te demande de manger 6 gels par heure sur la route, si tu n’as pas l’habitude, ton corps ne digère pas. »
L’étendard du cyclisme féminin français
Malgré ces défis, Pauline Ferrand-Prévot reste ambitieuse et déterminée. « Je ne suis pas revenue sur la route pour me faire démonter », prévient celle qui espère briller rapidement. Un succès qui propulserait encore davantage la discipline sur le devant de la scène, faisant de « PFP » la nouvelle tête d’affiche d’un cyclisme féminin français en plein renouveau.
Première échéance pour la voir à l’œuvre, les championnats de France fin juin, avant un premier grand rendez-vous dès juillet avec le Tour de France Femmes. Pauline Ferrand-Prévot parviendra-t-elle à bousculer la hiérarchie pour sa grande rentrée ? Une chose est sûre, son retour ne passera pas inaperçu dans le peloton.
