Alors que Donald Trump s’apprête à retrouver le Bureau Ovale en 2025, un vieux débat ressurgit avec force en Israël : l’épineuse question de l’annexion de pans entiers de la Cisjordanie. Ce territoire palestinien, occupé depuis 1967, abrite plus de 490 000 colons israéliens vivant au milieu de 3 millions de Palestiniens dans des implantations jugées illégales par l’ONU. Le retour de Trump, chantre du « deal du siècle » prévoyant justement une telle annexion, attise les braises de cette controverse qui divise profondément la société israélienne.
La pression s’accentue pour une annexion rapide
Dès l’annonce de la victoire de Trump, les partisans de l’annexion sont montés au créneau. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, lui-même colon, a martelé que 2025 serait « l’année de la souveraineté israélienne en Cisjordanie ». Selon lui, l’arrivée du nouveau gouvernement américain offre une occasion en or de franchir le Rubicon en annexant les colonies.
Israël Ganz, chef du Conseil de Yesha représentant les colons, enfonce le clou. Il plaide pour qu’Israël « prenne enfin ses responsabilités » en Cisjordanie en termes d’infrastructures, de routes ou encore d’électricité. Des arguments qui font mouche chez une partie de la population lassée par le statu quo.
Un allié de poids à Washington
Le camp pro-annexion peut compter sur un soutien de taille avec la probable nomination de Mike Huckabee, proche des milieux pro-colonisation, comme ambassadeur américain en Israël. De quoi galvaniser encore plus les velléités d’annexion.
Trump va mener une politique basée sur ce qu’il considère être le meilleur pour l’Amérique et la région.
Eugene Kontorovich, du cercle de réflexion conservateur Misgav Institute
Avec la récente guerre à Gaza, la chute de Bachar Al-Assad en Syrie et l’affaiblissement du Hezbollah libanais, le paysage régional a radicalement changé depuis 2020. De quoi pousser, selon certains, à parachever l’annexion.
Les risques d’une annexion de jure
Mais une telle décision aurait de lourdes conséquences en termes de droits pour les Palestiniens, préviennent les ONG. Israël pourrait alors exproprier des terres privées, ce qui lui est aujourd’hui interdit. De même, les 90% de Palestiniens vivant hors de la zone C verraient leur quotidien devenir « un cauchemar », leurs besoins de base étant intrinsèquement liés à ce territoire.
Autant d’arguments qui font dire aux opposants à l’annexion qu’une telle décision ne ferait qu’attiser les tensions. Mais avec le retour de Trump, la pression n’a jamais été aussi forte. L’avenir de la Cisjordanie, et la paix dans la région, sont plus que jamais en jeu.