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Le retour au pays d’un baron de la drogue colombien

Un des fondateurs du cartel de Medellin est de retour en Colombie après plus de 20 ans derrière les barreaux américains. Son avenir dans son pays natal soulève des questions. Que va-t-il advenir de cet ancien baron de la drogue ?

Après plus de deux décennies passées dans les geôles américaines, Fabio Ochoa Vasquez, un des principaux fondateurs du tristement célèbre cartel de Medellin, a remis les pieds sur le sol colombien ce lundi. Selon les autorités migratoires du pays, cet ancien baron de la drogue âgé de 67 ans, qui n’est plus poursuivi dans son pays natal, a atterri à l’aéroport de Bogota vêtu simplement d’un sweat-shirt, une tenue bien loin des fastes de son ancienne vie.

Fabio Ochoa avait été libéré le 3 décembre dernier aux États-Unis, où il purgeait depuis 2003 une lourde peine de 30 ans et 5 mois de prison, assortie d’une amende de 25 000 dollars. Son crime : avoir été un rouage essentiel d’une organisation criminelle qui introduisait en moyenne 30 tonnes de cocaïne par mois sur le territoire américain entre 1997 et 1999. Une quantité astronomique qui témoigne de la puissance qu’avait atteint le cartel à son apogée.

Le plus jeune du « Clan des Ochoa »

Fabio était le benjamin du redoutable « Clan des Ochoa », une fratrie issue d’une riche famille d’éleveurs qui s’était associée à un certain Pablo Escobar, devenu depuis le narcotrafiquant le plus célèbre de la planète. Ensemble, ils ont fondé dans les années 70 le cartel de Medellin, une organisation tentaculaire qui allait faire main basse sur le juteux trafic de cocaïne et répandre la terreur en Colombie.

Parmi les dirigeants du cartel, seuls Fabio Ochoa et Carlos Lehder, surnommé « Rambo », ont finalement été extradés vers les États-Unis pour y répondre de leurs crimes. Lehder avait pour sa part choisi l’Allemagne comme destination après avoir purgé sa peine.

Une première reddition en 1990

Ce n’est pas la première fois que Fabio Ochoa goûte à une libération. En 1990 déjà, il s’était rendu aux autorités colombiennes pour bénéficier des largesses d’une loi spéciale promulguée par le président de l’époque, César Gaviria. Celle-ci prévoyait des remises de peine et la non-extradition pour les narcos qui abandonnaient leurs activités illicites, avouaient leurs crimes et dénonçaient leurs comparses.

Cet ancien « padrino » avait ainsi recouvré la liberté en 1996 après un séjour de près de 6 ans dans la prison de haute sécurité d’Itagui, située près de Medellin, sa ville natale. Mais rapidement, il rempilait dans le trafic de stupéfiants. Jusqu’à sa nouvelle arrestation en octobre 1999 dans le cadre de l’opération « Millennium » qui avait permis de coffrer des dizaines de barons de la drogue présumés.

L’ombre de Pablo Escobar

Près de 30 ans après la mort de Pablo Escobar, abattu sur un toit de Medellin en décembre 1993, l’ombre du plus célèbre des narcotrafiquants plane toujours sur la Colombie. Celui que l’on surnommait « El Patrón » avait bâti un véritable empire de la drogue, amassant une fortune faramineuse et défiant ouvertement l’État colombien. Une époque où les cadavres jonchaient les rues de Medellin, transformée en zone de non-droit.

Si le démantèlement du cartel a porté un coup d’arrêt à cette hégémonie mafieuse, le trafic de cocaïne, lui, n’a jamais cessé. La Colombie demeure le premier producteur mondial de poudre blanche. Aux Ochoa et autres Escobar ont succédé de nouvelles organisations, qui prospèrent en diversifiant les routes et en multipliant les intermédiaires.

Le retour au pays de Fabio Ochoa, vestige d’un passé pas si lointain, soulève aujourd’hui bien des interrogations. Celui qui était considéré comme le « cerveau » du cartel de Medellin pour son sens des affaires, a-t-il définitivement tourné la page de ses activités illicites ? Lui qui n’est plus poursuivi dans son pays natal et a déjà purgé sa peine, va-t-il couler des jours paisibles dans ses luxueuses propriétés ?

Une chose est sûre : son nom restera à jamais associé à l’une des pages les plus sombres et les plus sanglantes de l’histoire colombienne. Celle où de richissimes narcotrafiquants faisaient la loi au-dessus des lois, défiant un État impuissant et entraînant le pays dans une spirale de violence qui a fait des dizaines de milliers de morts. Un passé qui continue de hanter la Colombie, malgré les efforts pour tourner la page et aller de l’avant.

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