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Le Renaissance Saxonne d’un Village Transylvanien Oublié

À Cincsor, en Transylvanie, une Roumaine a racheté le cœur historique d'un village saxon médiéval en ruines. Avec l'aide des locaux, elle l'a transformé en havre touristique et artisanal, créant de l'emploi dans cette région pauvre. Une renaissance inattendue qui pourrait...

Au cœur des Carpates, niché dans un recoin oublié de la Transylvanie, le paisible village de Cincsor semblait condamné à sombrer dans l’oubli. Mais c’était sans compter sur la détermination d’une femme, Carmen Schuster, revenue de son exil berlinois pour redonner vie à ce joyau médiéval et à sa riche culture saxonne.

Le réveil d’un village fantôme

Lorsque Carmen a posé le pied à Cincsor en 2010, le village n’était plus que l’ombre de lui-même. Les bâtiments historiques tombaient en ruine, l’église fortifiée menaçait de s’effondrer et les rues étaient désertes. Pourtant, cette énergique sexagénaire y a vu une opportunité de ressusciter un pan entier de l’histoire transylvanienne.

« Il fallait sauver l’école qui était en ruine », raconte-t-elle. Rachetant petit à petit le cœur du village, elle a transformé les bâtisses en maison d’hôtes, restaurant et ateliers d’artisanat. Un pari audacieux dans cette région appauvrie, mais qui s’est révélé payant.

Une histoire millénaire

L’épopée des Saxons de Transylvanie remonte au XIIe siècle, lorsque des colons allemands furent invités par les rois hongrois à peupler ces terres inhabitées aux confins des Carpates. Bénéficiant de larges privilèges, ils y développèrent une civilisation prospère et singulière, mêlant influences germaniques et locales.

Mais les vicissitudes de l’histoire eurent raison de cette communauté. Persécutés sous le régime communiste de Ceausescu, les Saxons quittèrent massivement la Roumanie dans les années 1970-80, laissant derrière eux des villages fantômes et un patrimoine en péril.

Trésors architecturaux

Parmi ces trésors figurent les fameuses églises fortifiées, véritables forteresses destinées à protéger les villageois des invasions ottomanes. « Au XVe siècle, les Saxons ont fortifié leurs églises pour qu’elles servent de refuge aux habitants en cas d’attaque, formant un ensemble architectural unique au monde », explique Michael Lisske, le mari de Carmen.

Ce patrimoine exceptionnel, classé à l’UNESCO, a même attiré l’attention du roi Charles III, qui possède des propriétés dans la région. Un coup de projecteur bienvenu pour ce joyau méconnu de l’Europe.

Un moteur économique

Mais la renaissance de Cincsor ne se limite pas à la sauvegarde de son patrimoine. En créant des emplois dans l’hôtellerie, la restauration et l’artisanat, le projet de Carmen Schuster est devenu le principal poumon économique du village.

« Il n’y a pas de discrimination, se réjouit Ramona Amariei, salariée rom. Je suis fière de faire partie de cette famille. »

Sous l’impulsion de Carmen, des ateliers de tissage traditionnel ont revu le jour, perpétuant un savoir-faire ancestral. « On conserve un savoir-faire local de confection de tapis, avec du linge de maison usagé, sur des métiers à tisser en bois », précise-t-elle.

Un modèle à suivre ?

Pour la maire du village, Rodica Marcu, cette initiative est une aubaine : « C’est un plus qui a créé des emplois et lancé le tourisme ». Un enthousiasme partagé par les visiteurs, comme ce groupe d’Américains en quête de leurs racines.

Le succès de Carmen Schuster fait des émules dans la région. Selon elle, « tous les villages environnants regorgent d’initiatives de jeunes pour revitaliser le tissu économique ». Une tendance naissante qui pourrait faire école dans une Roumanie en plein essor mais où les zones rurales restent à la traîne.

Une victoire sur l’oubli

Au-delà de l’aspect économique, c’est toute une mémoire qui renaît à Cincsor. « Préserver ce patrimoine est une victoire tardive sur l’attitude inhumaine du régime communiste qui a tout fait pour effacer cet héritage », affirme Carmen Schuster avec émotion.

En remettant en lumière ce passé occulté, en retissant les liens entre Saxons et Roumains, ce petit village transylvanien nous offre une leçon d’espoir et de résilience. La preuve que la beauté et la culture peuvent triompher des pires aléas de l’Histoire.

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