ActualitésÉconomie

Le Régulateur Bancaire US Démissionne, Trump Choisira Son Successeur

Le départ surprise de Michael Barr, chargé de superviser les banques à la Fed, ouvre la voie à une possible dérégulation financière sous l'ère Trump. Les marchés réagissent, mais l'avenir du secteur reste incertain...

Le secteur bancaire américain s’apprête à connaître un tournant majeur. Michael Barr, vice-président de la Réserve fédérale en charge de la supervision bancaire, vient d’annoncer sa démission surprise. Un départ qui intervient à quelques jours seulement de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, suscitant de vives inquiétudes quant à l’avenir de la régulation financière.

Un régulateur respecté tire sa révérence

Nommé par le président sortant Joe Biden, Michael Barr était un artisan clé du renforcement de la supervision bancaire, dans le sillage de la crise financière dévastatrice de 2008. Son ambition : aligner les États-Unis sur les exigeants critères de Bâle III, ce vaste chantier international de réformes destiné à consolider la solidité des banques.

Mais dans un communiqué empreint de pragmatisme, M. Barr a justifié son retrait par la crainte de voir sa fonction devenir source de conflits avec la nouvelle administration, au détriment de la mission de la Fed. Un choix difficile mais réfléchi, comme il l’explique :

Dans l’environnement actuel, j’ai estimé que je serais plus utile au service des Américains dans mon rôle de simple gouverneur.

Trump aux manettes, vers un recul de la régulation ?

Le départ de Michael Barr offre au président élu Donald Trump l’opportunité de nommer son successeur parmi les membres du conseil des gouverneurs de la Fed réputés plus proches de sa vision. Et les signaux ne trompent pas : Michelle Bowman, une gouverneure choisie par M. Trump, s’est systématiquement opposée aux efforts de Barr pour renforcer l’encadrement des banques.

Une ligne que semble confirmer Tim Scott, sénateur républicain et futur homme fort de la commission bancaire au Sénat. N’hésitant pas à tacler le bilan de Michael Barr, il se dit « prêt à travailler avec le président Trump pour faire en sorte que nous ayons des régulateurs financiers responsables aux commandes ». De quoi alimenter les craintes d’une vague de dérégulation à venir.

Les marchés en ébullition, l’avenir en suspens

Sans surprise, les acteurs financiers ont réagi promptement. À peine quelques heures après l’annonce, l’indice boursier des grandes banques américaines bondissait de près de 2%, reflétant l’espoir d’un cadre réglementaire plus souple à l’avenir. Mais si les marchés se frottent les mains, beaucoup redoutent un retour en arrière dangereux.

Car derrière les promesses de « libérer » le secteur financier des « excès » de régulation, point le spectre d’une fragilisation du système, durement acquise au prix de la crise des subprimes. L’histoire retiendra que sous la houlette de Michael Barr, la supervision bancaire américaine avait retrouvé du mordant et de la crédibilité. Sa démission sonne comme un avertissement : la vigilance reste plus que jamais de mise face aux sirènes de la dérégulation.

Les prochains mois s’annoncent donc décisifs. Quel cap Donald Trump et son équipe imprimeront-ils à la régulation financière ? Assisterons-nous à un retour en grâce des logiques pré-2008, au nom de la compétitivité des banques ? Ou la recherche d’un équilibre entre stabilité et dynamisme du secteur primera-t-elle ? Nul doute que les débats feront rage, tant les enjeux sont lourds de conséquences.

Une chose est sûre : l’ère post-Barr sera scrutée avec anxiété par tous ceux qui ont à cœur la solidité du système financier américain, si durement éprouvé il y a moins de dix ans. Entre volonté réformatrice et tentation du laisser-faire, l’héritage de la crise reste un délicat numéro d’équilibriste auquel les nouveaux régulateurs devront se livrer. Le monde de la finance retient son souffle.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.