C’est une rencontre qui n’est pas passée inaperçue. Ce mercredi 22 mai, le recteur de la grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a reçu en grande pompe Rima Hassan, candidate de La France Insoumise aux élections européennes, en 7ème position sur la liste. Une entrevue qui soulève bien des questions sur les liens entre la mosquée et la galaxie insoumise.
Le recteur salue le “combat exemplaire” de Rima Hassan
Lors de cette rencontre très médiatisée, immortalisée par les photographes, le recteur n’a pas tari d’éloges sur la candidate. Dans un communiqué, il a salué son parcours et son “combat pour les personnes vulnérables en exil”, qu’il qualifie d'”exemplaire”. Chems-eddine Hafiz a souligné le rôle de Rima Hassan en tant que “directrice de l’Observatoire des camps de réfugiés”, déclarant qu’elle “force le respect”.
Un soutien appuyé qui s’inscrit dans un contexte politique tendu. La veille, le recteur appelait les musulmans à faire barrage à l’extrême-droite lors des européennes, l’accusant de mener des “politiques d’exclusion et de division” menant à “l’augmentation des actes islamophobes”. Un discours qui fait directement écho à celui de LFI et de Rima Hassan.
Une candidate mise en avant pour son combat pro-palestinien
La candidate insoumise, née dans un camp de réfugiés palestiniens en Syrie, met en avant ses origines et son engagement pour la Palestine dans sa campagne. Selon elle, sa rencontre avec le recteur a été l’occasion d’évoquer “les centaines de milliers de soldats musulmans morts pour libérer la France”. Un discours identitaire qui tranche avec la laïcité revendiquée par LFI, mais qui semble trouver un écho favorable au sein de la grande mosquée.
Cette rencontre interroge sur les ambiguïtés du positionnement de Chems-eddine Hafiz. Prompt à dénoncer les propos de Michel Houellebecq sur les musulmans, jusqu’à porter plainte avant de se rétracter, le recteur se montre bien plus bienveillant avec les Insoumis. En avril, il avait pris la défense de Rima Hassan et Mathilde Panot, convoquées pour apologie du terrorisme suite à des propos sur la Palestine. Une prise de position politique de plus en plus assumée.
La grande mosquée de Paris, une institution de plus en plus politisée ?
Depuis l’arrivée de Chems-eddine Hafiz à sa tête en 2020, la grande mosquée de Paris multiplie les interventions dans le débat public, bien loin de son rôle religieux initial. Une dérive dénoncée par certains, qui craignent une politisation croissante de l’islam en France. En accordant une telle exposition à une candidate insoumise en pleine campagne, le recteur franchit un nouveau cap.
Il est crucial de protéger la liberté d’expression et de garantir un traitement équitable pour tous.
Chems-eddine Hafiz, à propos de Rima Hassan
Autrefois vitrine consensuelle d’un islam de France républicain, la grande mosquée apparaît aujourd’hui comme le terrain de jeu d’un islam politique décomplexé. Un virage stratégique qui divise, à l’heure où la question de la place de l’islam fait débat dans la société. En jouant l’alliance avec LFI, le recteur prend le risque de jeter de l’huile sur le feu, tout en donnant des gages à une partie de la communauté musulmane.
Une chose est sûre : cette rencontre en grande pompe à quelques jours du scrutin n’a rien d’anodin. Elle illustre les tentations communautaristes qui travaillent en profondeur la vie politique française, et la volonté de certains de faire de l’islam un levier électoral. Un cocktail détonnant dont il faudra surveiller les conséquences.