C’est un véritable raz-de-marée qui s’est abattu sur le paysage politique français au soir du premier tour des élections législatives anticipées de 2024. Selon les premières estimations, le Rassemblement National de Marine Le Pen et Jordan Bardella s’imposerait largement, avec 34% des suffrages exprimés au niveau national. Un score historique qui pourrait lui permettre de décrocher entre 240 et 270 sièges dans la future Assemblée nationale, soit bien plus que la majorité absolue fixée à 289 députés.
Le RN, premier parti de France
Surfant sur sa dynamique des européennes de l’an passé, où il était déjà arrivé en tête avec 31,4% des voix, le mouvement lepéniste confirme ainsi son ancrage dans le paysage électoral hexagonal. Il réalise sans surprise ses meilleurs scores dans ses places fortes traditionnelles du nord et du nord-est, avec pas moins de 38 candidats élus dès le premier tour pour avoir franchi la barre des 50% des voix dans leur circonscription.
Parmi les figures marquantes, on retrouve Marine Le Pen elle-même, créditée de 58,04% dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais. Son bras droit Jordan Bardella l’imite dans la 2ème du Var avec 54,6%. Le mouvement enregistre également de belles performances en Haute-Saône avec Emeric Salmon (50,11%) ou encore dans l’Oise, où Philippe Ballard s’impose avec 53,2% des voix.
Un maillage du territoire qui se renforce
Au-delà de ces victoires éclatantes, c’est un véritable raz-de-marée bleu marine qui submerge l’Hexagone. Pas moins de 253 candidats du Rassemblement National sont arrivés en tête de leur circonscription selon les résultats partiels du ministère de l’Intérieur. De quoi envisager un groupe parlementaire record pour le parti, qui n’avait décroché “que” 89 sièges en 2022. Une poussée spectaculaire qui s’explique par plusieurs facteurs.
- L’usure du pouvoir et l’impopularité grandissante de la macronie après deux ans d’exercice chaotique, entre crise sanitaire et mouvements sociaux.
- La recomposition à gauche autour du Nouveau Front populaire, accusé par beaucoup de se radicaliser.
- La poursuite de l’effondrement des partis traditionnels, de LR au PS en passant par EELV, pris en étau entre les deux blocs.
- Une abstention record, touchant prioritairement les électorats les plus rétifs au RN.
Vers une majorité absolue RN à l’Assemblée ?
Au vu de ce rapport de force pour le moins déséquilibré, la question d’une potentielle majorité absolue du Rassemblement National à l’Assemblée est désormais posée. Si les 289 sièges ne sont pas encore acquis, le parti peut légitimement espérer franchir ce cap symbolique dimanche prochain, lors du second tour. D’autant que le RN sera présent dans plus de 400 circonscriptions, un record.
Avec un réservoir de voix conséquent et des adversaires désunis, Marine Le Pen n’a jamais été aussi proche de son rêve d’hégémonie à l’Assemblée. Une perspective inimaginable il y a encore quelques années, qui en dit long sur le chemin parcouru par l’extrême droite française.
Un constat partagé par la plupart des analystes politiques
Alors certes, rien n’est encore joué. Le front républicain pourrait se réveiller dans l’entre-deux tours pour faire barrage. La mobilisation des abstentionnistes aussi, tant la perspective d’un RN omniprésent fait peur à une partie de la population. Mais une chose est sûre : au soir du 1er juillet, Marine Le Pen aura plus que jamais les cartes en main pour peser sur la vie politique française des cinq prochaines années. Hégémonie bleue marine ou sursaut démocratique, réponse dimanche.