Derrière les paillettes et les tubes à succès, le monde du rap cache parfois une réalité bien sombre. C’est ce que révèle le procès du rappeur Moha La Squale, actuellement jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour violences, menaces et séquestrations sur six de ses anciennes compagnes. Un procès qui lève le voile sur les violences faites aux femmes dans ce milieu.
Le prince charmant et le bourreau
Moha La Squale, de son vrai nom Mohamed Bellahmed, s’était fait connaître avec des tubes comme “Bandolero” ou “Bébé de Bogota”. Beau gosse au flow ravageur, il faisait chavirer le cœur des adolescentes. Mais derrière cette façade de prince charmant se cachait en réalité un véritable “bourreau” selon les mots de ses victimes. Car les récits livrés par les six femmes qui l’accusent sont glaçants.
Humiliations, coups, menaces de mort, séquestration… Pendant des mois ou des années, elles ont vécu un véritable enfer. L’une d’entre elles raconte : “Je vais te tuer avec un oreiller, ça ne fait pas de marques”. Une autre explique avoir été séquestrée des jours entiers sans pouvoir manger, boire ou aller aux toilettes. Des récits effroyables qui contrastent avec l’image glamour que le rappeur s’était forgée.
Le procès de la honte
Depuis le début de son procès, Moha La Squale se terre dans le silence, visiblement très affecté. Lui qui paradait en Lacoste dans ses clips apparaît aujourd’hui le regard fuyant, les traits tirés. Loin des paillettes et des tapis rouges. Sa carrière est brisée, ses contrats publicitaires résiliés, son image salie. Selon ses dires, il serait même victime d’un “complot”. Mais difficile de nier la parole de ces femmes meurtries et les preuves matérielles de leur calvaire.
Au delà du cas de Moha La Squale, ce procès met en lumière un mal plus profond qui gangrène le milieu du rap : celui des violences faites aux femmes. Car le rappeur est loin d’être le seul à être pointé du doigt. D’autres stars du rap comme Kaaris ou Niska ont déjà été accusées de faits similaires par le passé.
Si le monde du rap a longtemps fermé les yeux sur la place des femmes et les violences qu’elles subissent, le procès de Moha La Squale marque peut-être un tournant.
Plus qu’un simple fait divers sordide, il pourrait en effet contribuer à libérer la parole et inciter d’autres victimes à sortir du silence. Un premier pas vers une nécessaire remise en question de la misogynie et de la culture de la violence qui imprègnent encore trop souvent le rap.
Un milieu en plein questionnement
Conscient du problème, le monde du rap commence d’ailleurs à s’emparer du sujet. Des rappeurs comme Youssoupha ou Abd Al Malik appellent à un sursaut et à plus de respect envers les femmesdans les paroles et les comportements. Des associations se créent pour accompagner les victimes et sensibiliser le public.
Mais le chemin sera long pour déconstruire des années de culture machiste glorifiant l’hypervirilité, le contrôle des femmes et la loi du plus fort. Le procès de Moha La Squale n’est qu’un premier pavé dans la mare. Il faudra du temps et des actes forts pour changer en profondeur les mentalités et les comportements. Mais c’est un combat nécessaire pour que les femmes trouvent enfin leur juste place dans le rap.
D’ici là, les victimes du rappeur attendent que la justice soit rendue. Et espèrent que leur calvaire servira au moins à en éviter d’autres. Parce que derrière chaque prince charmant peut se cacher un bourreau. Et qu’il est temps de briser le silence.