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Le rap anti-RN sème la polémique : les réactions s’enflamment

Un morceau de rap anti-RN fait polémique avec ses paroles violentes envers les femmes. Marine Tondelier relativise, Rachida Dati condamne. Les rappeurs assument leur "haine" contre le RN. Mais jusqu'où peut aller la liberté d'expression artistique ?

Le morceau de rap anti-RN “No Pasarán” suscite une vive polémique depuis sa sortie lundi soir. Les paroles d’une grande violence, en particulier envers les femmes, font réagir le monde politique. Décryptage d’une controverse qui interroge les limites de la liberté d’expression artistique.

Des paroles chocs qui heurtent les consciences

Dès les premières secondes, le ton est donné avec cette phrase répétée à trois reprises : “Jordan t’es mort”. Le morceau enchaîne avec des insultes envers “Marine et Marion”, traitées de “p***”, et des menaces explicites comme “un coup de bâton sur ces chiennes en rut”. Les rappeurs ne mâchent pas leurs mots, proférant des attaques d’une rare violence :

“Baise la mère à Bardella”, “Si les fachos passent, je fais sortir avec un big calibre”, “L’intérieur de leurs âmes est fané, ils méritent de caner”, “On vote contre les porcs”.

Face à ces paroles ultra-violentes, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, a tenté de relativiser sur BFMTV en expliquant que “les codes du rap sont comme ça : violents pour les femmes” et que “c’est la culture du rap qui est comme ça”. Une position qui interroge de la part d’une responsable écologiste et féministe.

Rachida Dati dénonce un “deux poids, deux mesures”

La réaction de Rachida Dati ne s’est pas fait attendre. Dans un message adressé à la présentatrice, l’ancienne Garde des Sceaux a souligné ce qu’elle considère comme une incohérence des “féministes de gauche” :

“À une autre époque les féministes de gauche avaient poursuivi et fait condamner Orelsan considéré de droite.”

– Rachida Dati

En 2009, le rappeur Orelsan avait en effet été poursuivi pour ses paroles jugées misogynes par des associations féministes. Un “deux poids, deux mesures” dénoncé par Rachida Dati, pour qui les réactions seraient différentes selon la couleur politique des artistes.

Les rappeurs assument leur “haine” contre le RN

Du côté des rappeurs, on assume pleinement les propos tenus dans “No Pasarán”. Le morceau, initié au lendemain des élections européennes où le RN est arrivé en tête, vise à appeler à voter contre l’extrême-droite aux législatives. Les artistes y revendiquent leur “haine” contre “l’électorat” du RN et une forme de “violence artistique”.

Une démarche provocatrice et transgressive typique du rap, qui n’hésite pas à choquer pour faire passer des messages. Mais la question se pose : jusqu’où peut aller la liberté de création face à la violence des mots employés ? Un débat complexe qui divise, entre ceux pour qui l’art ne doit avoir aucune limite, et ceux qui appellent les artistes à un minimum de responsabilité et de retenue.

Quelles limites pour la liberté d’expression artistique ?

Au-delà du cas spécifique de “No Pasarán”, cette polémique relance le débat sans fin sur les limites de la liberté d’expression artistique. Si la création doit pouvoir bénéficier d’une large liberté pour bousculer, transgresser, faire réfléchir, beaucoup s’interrogent sur le caractère acceptable de certaines paroles ou images véhiculées.

Les appels à la violence, la haine ou les atteintes à la dignité humaine restent sanctionnés par la loi. Mais la frontière est souvent ténue entre provocation artistique et délit. Chaque affaire ravive ce débat passionnel et sans fin, entre les partisans d’une liberté totale de création et ceux qui souhaitent lui imposer un cadre.

Une chose est sûre : à l’heure des réseaux sociaux, chaque polémique prend une ampleur inédite. “No Pasarán” n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre, à quelques semaines d’un scrutin législatif qui s’annonce plus incertain que jamais.

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