Après des mois de lutte acharnée contre l’inflation galopante, la Réserve fédérale américaine (Fed) voit enfin le bout du tunnel. Son président Jerome Powell s’est montré prudemment optimiste lundi, saluant le ralentissement des prix à la consommation en juin. Un signal encourageant qui pourrait présager d’une baisse tant attendue des taux directeurs dans les mois à venir.
Une inflation qui donne des signes d’essoufflement
Les derniers chiffres de l’inflation aux États-Unis ont redonné espoir à Jerome Powell et son équipe. En juin, la hausse des prix s’est établie à 3% sur un an, contre 3,3% en mai selon l’indice CPI. Certes, on est encore loin de l’objectif de 2% visé par la Fed, mais la tendance est clairement à la décélération depuis le pic de 9,1% atteint l’été dernier.
Notre niveau de confiance ne s’était pas accru au premier trimestre, mais les données des trois mois du deuxième trimestre, y compris celui de la semaine dernière, renforcent quelque peu la confiance.
– Jerome Powell, président de la Fed
Ce recul de l’inflation est le fruit de la politique monétaire restrictive menée tambour battant par la Fed depuis mars 2022. Pour contrer la surchauffe des prix, l’institution a relevé ses taux à un rythme effréné, les portant dans une fourchette de 5,25 à 5,50%, au plus haut depuis 22 ans. De quoi renchérir le coût du crédit et ralentir la demande.
Des taux élevés qui pèsent sur l’économie
Mais ce remède a un prix. En maintenant ses taux élevés, la Fed freine considérablement l’activité économique. La croissance devrait ainsi tomber à 1,8% cette année selon les dernières prévisions, contre 2,1% en 2022. Et la hausse du chômage, bien que limitée pour l’instant, reste une épée de Damoclès.
D’où la volonté de la Fed de ne pas maintenir cette pression trop longtemps. « Si nous devions constater un affaiblissement inattendu du marché du travail, nous pourrions réagir en conséquence », a prévenu Jerome Powell, ouvrant la porte à une baisse des taux pour soutenir l’emploi si nécessaire.
Vers une première baisse des taux en septembre ?
A quand la prochaine détente monétaire ? La majorité des investisseurs parient sur un premier assouplissement dès la réunion des 17 et 18 septembre. La condition : que l’inflation poursuive sa décrue pour revenir durablement vers les 2%.
Jerome Powell se dit confiant sur la capacité de la Fed à réussir ce « soft landing », un atterrissage en douceur qui permettrait de maîtriser l’inflation sans trop de casse sociale. Mais il a prévenu : un retour aux taux quasi-nuls d’avant la pandémie n’est pas pour demain. La vigilance reste de mise face à ce fléau.
La bataille contre l’inflation est loin d’être gagnée, mais les derniers signaux sont encourageants. La Fed a réussi un premier tour de force en réduisant la pression sur les prix sans faire dérailler l’économie. Reste à transformer l’essai dans la durée, en dosant subtilement le relâchement monétaire. Un défi de taille pour Jerome Powell qui jouera une bonne partie de son crédit sur cette délicate manœuvre.