Le quartier des Fleurs de Grasse est sous le choc. L’exécution à sang froid d’un adolescent de 15 ans vendredi soir a conforté le maire Jérôme Viaud dans sa volonté de raser intégralement ce secteur gangrené par le trafic de drogue et la violence. Un projet radical qui suscite autant d’espoirs que d’interrogations.
Une cité à l’agonie
Coincé entre le béton et l’asphalte, le Quartier des Fleurs n’a de floral que le nom. Ses 542 logements sociaux vétustes abritent une population en grande précarité, aux prises avec de lourdes difficultés socio-économiques. Un terreau fertile pour les trafiquants de drogue qui ont fait de la cité leur plaque tournante, transformant les caves en supermarchés de la came.
Dans ce contexte délétère, les règlements de comptes sanglants se multiplient. Point d’orgue de cette spirale meurtrière, l’assassinat à bout portant d’un ado de 15 ans vendredi soir, froidement abattu par deux individus à scooter. Un drame de trop pour le maire Jérôme Viaud.
La démolition comme remède
Pour l’édile, le diagnostic est sans appel : le Quartier des Fleurs, miné par la pauvreté et la criminalité, est condamné. Sa destruction totale s’impose comme une évidence pour sortir de l’ornière. Hors de question de se contenter d’un simple ravalement de façade :
Ma volonté sur ce projet est très ferme. On ne fera pas du tiède. La destruction des tours sera pure et simple.
– Jérôme Viaud, maire de Grasse
Sur les décombres de la cité, le maire veut bâtir un nouveau quartier mêlant logements sociaux et accession à la propriété, dans un cadre végétalisé et apaisé. Exit le 100 % HLM, bonjour la mixité sociale et générationnelle, avec une place pour les seniors. Les travaux titanesques doivent débuter dès 2025.
Une greffe suffisante ?
Si le constat du maire emporte l’adhésion, son remède soulève des doutes. La démolition suffira-t-elle à enrayer les maux profonds qui rongent le quartier ?
- Que deviendront les habitants délogés pendant les travaux ?
- La mixité sociale tant vantée saura-t-elle s’implanter durablement ?
- Comment empêcher le trafic de drogue de se réimplanter ?
Autant de questions qui restent en suspens et inquiètent les riverains. Beaucoup craignent qu’une fois la poussière des bulldozers retombée, les vieux démons ne ressurgissent. Car si raser les tours semble a priori judicieux, c’est tout un écosystème social qu’il faut repenser et accompagner sur le long terme.
Le chantier herculéen qui s’annonce sera donc autant urbanistique qu’humain. Au maire de convaincre que détruire les murs servira aussi à abattre les barrières sociales et à bâtir des ponts durables entre les communautés. Un sacré défi dans ce quartier du vieux Grasse qui cherche encore sa ligne de fleurs.